Roman : "La Chose"

 Pour ceux qui s'ennuient durant les longues soirées d'hiver, voici un roman écrit il y a une quinzaine d'années, du temps où le Minitel rose régnait en maître.


"La Chose"


Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

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Lundi 23 octobre 1 23 /10 /Oct 20:43
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Chapitre 15


    Quand Mariette se réveilla, Arianne s’était depuis longtemps envolée du nid douillet. Mariette bossait seulement l’après-midi tandis que sa compagne était de service le matin. La nuit avait été très courte et plutôt mouvementée.
    Au pied du lit, une sorte de grosse trousse en cuir était ouverte et les instruments qu’elle contenait étaient posés pêle-mêle sur l’intérieur en velours noir.
Mariette avait écarquillé les yeux en voyant Arianne ouvrir cette boîte à outils très spéciaux. Bien alignés dans leur logement respectif et classés par ordre de taille croissante, huit godemichés en ivoire poli et brillant attendaient qu’on les empoigne par leur manche en ébène.
    - « C’est le cadeau d’un de mes anciens amants qui avait peur que je m’impatiente en l’attendant... Et je dois avouer que je me suis souvent impatientée. »
    Le plus petit était de la taille du petit doigt. Il faisait penser à un tube de rouge à lèvres mais sa forme sans équivoque de mini-phallus laissait facilement deviner qu’il était destiné à d’autres lèvres. Le dernier de la série était finement ouvragé faisant apparaître les moindres détails d’un sexe masculin en érection. Un sexe toutefois improbable puisque son diamètre de base était celui d’un poing fermé pour une longueur d’environ vingt-cinq centimètres.
Sans doute pour ne pas effrayer davantage sa compagne, Arianne se saisit de l’objet situé au milieu de l’étui et qui se présentait comme un sexe de dimension « normale ». Elle s’en servit tout d’abord pour caresser Mariette sur tout le corps. Le contact froid de l’ivoire sur sa poitrine lui fit dresser le bout des seins et quelques frissons avant-coureurs l’agitèrent. Allongée sur le lit, les bras tendus en arrière, Mariette se cambra légèrement tandis que la pointe du godemiché glissait sur son ventre.
    Experte en la matière, Arianne ne se précipita pas vers son but. Elle profita de la situation pour jouer au chat et à la souris ou plus exactement avec la chatte de la souris. Mariette se mordillait les lèvres, obnubilée par ce sexe qui s’obstinait à la butiner sans la pénétrer. Quand le fruit fut mûr à point, Arianne enfonça soudain l’outil jusqu’à la garde et le maintint en place tandis que Mariette soulevait les fesses, pliant les genoux pour accompagner le mouvement jusqu’au bout d’elle-même.
    C’était une sensation encore inconnue pour elle de se sentir prise ainsi, sans aucun contact charnel autre que cette présence en elle. Pas de poitrine chaude l’écrasant de son poids. Pas de caresse pour la distraire de son but ultime. Pas même sa propre main pour accompagner la pénétration comme elle le faisait lors de ses escapades en solitaire.
Arianne, installée entre les jambes écartées de sa proie, prenait soin de ne pas toucher Mariette pour que sa partenaire n’ait d’autre relation avec le monde extérieur que ce sexe qui la fouillait au plus profond de son intimité. Les yeux révulsés en arrière, Mariette n’avait plus de corps. Elle n’était plus qu’un gouffre de plaisir, un volcan sous pression sur le point d’éclater.
    Arianne fit tourner plusieurs fois le godemiché avant de le retirer centimètre par centimètre. Puis de l’enfoncer à nouveau d’un geste brusque. Et de recommencer. Et de recommencer encore et toujours jusqu’à ce que Mariette entre en éruption. La pression était en bas mais l’explosion jaillit de sa bouche d’un cri rauque et soudain. Un râle qui n’en finissait plus.
Quand les cris se tarirent, Mariette haletait comme si elle venait de courir un marathon.
    - « N’ouvre pas les yeux. Reste comme ça. Je vais te rejoindre. »
    Laissant le godemiché blotti au fond de sa cachette, Arianne prit le sien. Le plus gros. Celui qui ressemblait davantage à une matraque qu’à un objet de plaisir. Elle s’allongea à côté de Mariette et saisissant à deux mains l’énorme instrument, elle se l’inséra sans ménagement dans le vagin en grimaçant de douleur. Elle attrapa ensuite le drap et recouvrit d’un geste les deux corps dénudés.
    - « Ne bouge plus. Laisse-toi bercer par ce qui est en toi et endors-toi. Bonne nuit. »
    Arianne posa sa main sur celle de Mariette et les deux jeunes femmes sombrèrent rapidement dans un sommeil de plomb.

    En se réveillant, Mariette constata que le godemiché était toujours en place. Elle le saisit par le manche et le retira avec précaution, résistant à l’envie soudaine de jouer un peu avec. Comment dire. Le désir était présent mais le coeur n’y était pas. Tournant la tête, elle remarqua quelques gouttes de sang séché sur le drap à l’endroit où Arianne avait dormi. Elle avait dû avoir les yeux plus gros que le ventre...
    Le corps immergé dans un bain réparateur, Mariette avait ses pensées plongées dans un autre océan. Elle se sentait bizarre. Comme en état de manque. Mais ce n’était pas son sexe qui criait famine. Plutôt son esprit. « Un seul être vous manque et... » Une voix inconnue venait de traverser sa tête. Une voix qu’elle n’avait plus entendue depuis si longtemps qu’elle l’avait presque oubliée. Sa propre petite voix intérieure. Celle qui l’accompagnait avant... Avant que sa « Chose » ne vienne la remplacer.
    S’asseyant soudain dans la baignoire, Mariette ouvrit les yeux. Sa « Chose » avait bel et bien disparu. Elle le sentait de toute son âme. Ce n’était pas une simple fugue à laquelle sa « Chose » l’avait habituée car, même dans ces moments là, elle conservait en elle une trace presque physique de sa présence. Là, plus rien. Le vide. Depuis quand la « Chose » avait-elle déserté Mariette ? En réfléchissant, elle se rendit compte que sa « Chose » était déjà partie quand elle s’était rendue chez Arianne. Elle n’y avait alors pas prêté attention car sa « Chose » avait l’habitude de prendre un peu de repos fort mérité après une journée bien remplie (selon son point de vue).
    - « Elle va revenir », dit tout haut Mariette, comme on s’exprime pour conjurer un sort... Mais sans trop y croire.
    Une fois habillée, Mariette sortit dans la rue après avoir allégé le réfrigérateur de son hôtesse de quelques calories bienvenues. Elle se sentait presque perdue, ne sachant où aller. En passant devant un porche, elle sursauta. « Entre là ! » ordonna une voix dans sa tête. Mariette n’obéit pas. Ce n’était pas sa « Chose ». Juste sa propre voix qui lui jouait un mauvais tour. Un mirage auditif.
    Les hommes qui la croisaient ne l’inspiraient plus du tout. Ils étaient fades. Sans saveur. Leur costume ne laissait pas entrevoir le moindre zizi.
    En arrivant au travail, Mariette ne s’arrêta pas en passant devant la porte d’Arianne. Elle se rendit directement dans son bureau. Sans aucun enthousiasme, elle s’assit dans son fauteuil, se demandant comment elle allait bosser si sa « Chose » n’était plus à ses côtés pour prendre le relais. Elle se sentait vidée de toute substance.
    Elle mit en marche ses deux Minitels, machinalement. Comme prévu, en ce début d’après-midi, seules les araignées de service sommeillaient au milieu de leur toile électronique. Elles grignotaient deux ou trois moucherons inconscients et inconsistants. Mariette ferma les yeux. Toujours rien.
    Quand elle les rouvrit, un « MACHIN » venait de faire son apparition sur l’écran.
    « Salut MACHIN ! C’est quoi ton TRUC à toi ? », pianota d’instinct Mariette.
    La réponse vint aussitôt :
    « Tu ne devines pas? »
    « Pas aujourd’hui. Je suis un peu lasse de tout. Je viens de perdre un être cher. »
    Mariette avait écrit « chair » mais elle se reprit avant d’envoyer le message et corrigea l’allusion que son interlocuteur n’aurait pas pu comprendre. Ce n’était pas très professionnel de se confier ainsi à un inconnu censé être avide d’un tout autre genre de confidences.             Mariette ne s’en souciait pas.
    « Tu y tenais beaucoup ? »
    « Laisse tomber. Tu préfères pas que je te fasse une pipe ou que tu m’encules ? »
    Mariette perdait les pédales. En voyant ce qu’elle écrivait sur l’écran, elle se rendit compte à quel point elle manquait de subtilité. Trop tard. Elle avait appuyé sur « Envoi » et le texte s’était envolé.
    « Allons, allons. Je t’ai connue plus enthousiaste pour parler des choses du sexe... »
    « On se connaît ? »
    Mariette avait l’intuition que « MACHIN » n’était pas un client de passage. Sa question était de pure forme car elle se dit qu’il devait s’agir d’un de ses fidèles. Et dans ce cas, ce n’était pas si grave que ça de se laisser aller à épancher quelques sentiments personnels. Au contraire, ça renforçait la fidélité. Comme dans la vraie réalité.
    « Et si nous allions boire un verre ensemble pour discuter de choses et d’autres ? »
    « Si tu me connais aussi bien que je le crois, tu sais que tu n’as aucune chance... »
    « C’est pourtant dans l’ordre des choses... »
    « Mais pas dans mes habitudes. »
    « Bon, alors passons à autre chose. »
    Mariette allait répondre une banalité supplémentaire quand ses doigts restèrent figés sur le clavier. Avec fébrilité, elle appuya sur une touche (très pratique) qui lui permettait de refaire défiler les messages précédents.
    « chose »... « chose »... « chose »... « chose »... Quelque chose n’allait pas. Le hasard est souvent une bonne chose mais trop, c’est trop. Qui donc pouvait se trouver à l’autre bout de la ligne pour la torturer ainsi et la faire gigoter sur son hameçon, l’air de rien ? Il lui fallait en savoir plus. Clouer le bec à cet intrus qui lui enfonçait le couteau dans sa plaie laissée béante depuis le départ de sa « Chose ».
    « Dis-donc, petit machin, tu ne crois pas que j’ai deviné qui tu es ? »
    « Ça, ça m’étonnerait. Ce n’est pas chose facile de me cerner et encore moins de me mettre la main dessus. »
    Arianne ! MACHIN devait être Arianne. Ça ne pouvait être qu’elle. Mariette pensa que, durant son sommeil troublé, elle avait dû parler de sa « Chose » et Arianne en profitait maintenant pour la taquiner.
    « Arrête, Arianne, ce n’est pas drôle ! »
    « Arianne ? Tu te trompes ma belle. Le sexe que j’ai, bien dressé entre les jambes, n’a rien de la froideur de l’ivoire... »
    Le message s’effaça pour céder la place à la suite.
    « ... Le mien, c’est tout autre chose. Il est à la fois souple et rigide. Chaud et vivant. Et tellement impatient de vivre enfin en toi ! »
    Mariette fixait l’écran sans comprendre et ses doigts balbutièrent une réponse sur le clavier.
    « Mais aklors ? tu es qyui ? »
    « Tu donnes ta langue au chat ? Je préférerais l’inverse, tu sais. Je suis ta « Chose ». Rien que ta « Chose ». Et je suis vivant ! »
    Guillemets, majuscules, chaque chose à sa place. Mariette n’en revenait pas.
    Elle en revint pourtant. Ils se rencontrèrent, s’aimèrent, eurent de nombreux enfants... Et prirent beaucoup, beaucoup de plaisir à les faire.




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Lundi 21 août 1 21 /08 /Août 00:26
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Chapitre 14


    Les deux bras tendus en avant, Mariette fit quelques pas timides dans la pièce et constata aussitôt avec plaisir que ses pieds foulaient une épaisse moquette. Elle se voyait mal (c’était le cas de dire) prendre vraiment son pied avec ses deux petons gelés sur du marbre froid. Quatre mains saisirent en douceur les deux siennes. Le comité d’accueil était au rendez-vous.
    - « Désirez-vous un rafraîchissement ? Souhaitez-vous quelques stimulations ou préférez-vous que l’on vous conduise directement dans le vif de l’action ? », l’interrogea une voix douce, digne d’une hôtesse de l’air. Parfaite pour s’envoyer en l’air.
    - « Merci. J’ai déjà pris l’apéritif. Je peux passer directement au plat de résistance », répondit Mariette.
    - « Voulez-vous que je vous décrive un peu la situation pour orienter votre choix ou bien dois-je vous laisser découvrir par vous-même ? »
    - « Je vous écoute. »
    - « Juste en face de vous, nous avons un couple très occupé et je pense que la dame ne devrait pas tarder à être libre. A votre gauche, en revanche, trois femmes sont à la disposition de quatre messieurs et je suppose qu’il vous faudra faire la queue avant de vous intégrer  à cette intéressante figure géométrique. A votre droite... »
    - « Merci. C’est bon, je vais me débrouiller toute seule. »
    - « A votre service. N’hésitez pas à nous appeler en levant la main bien haut. »
    « Dis-moi, ma « Chose », tu y vois toujours aussi clair ? »
    « Aucun problème, ma belle. Laisse-toi guider par mon instinct. Qu’est ce qui te ferait plaisir ? »
    «Tu me proposes quoi ? »
    « Tu as un client à une dizaine de mètres devant toi, un peu sur ta droite. Il est allongé sur le dos et paraît assez en forme pour te satisfaire. Va t’installer confortablement en m’attendant. Je me charge de te ramener quatre ou cinq autres candidats. »
    « Quatre ou cinq ? Tu ne crois pas que tu exagères un peu ? »
    « On verra... Tu ne diras peut-être pas la même chose dans cinq minutes. »
    «  Et comment vas-tu t’y prendre ? Tu peux aussi leur parler ? »
    « Evidemment. Tu te prends pour Jeanne d’Arc ? Allez, tu perds ton temps. Si tu continues à disserter, ton client va refroidir. »
    Mariette, en traînant les pieds pour ne pas trébucher sur quelque obstacle de chair, avança prudemment dans la direction indiquée par sa « Chose ». Son orteil heurta ce qu’elle supposa être une plante de pied. S’accroupissant, elle constata effectivement que c’était bien un pied. Les mollets poilus lui indiquèrent qu’elle avait débusqué sa proie. Une remontée parallèle le long des deux cuisses aboutit à une conclusion favorable et une bitte d’amarrage où elle était prête à s’ancrer, car déjà revêtue, non seulement des meilleures intentions mais aussi d’un préservatif bien tendu.
    Sans même dire bonjour ni bonsoir, Mariette s’empala jusqu’à la garde, laissant les couilles lui chatouiller délicieusement les fesses. Puis, elle n’osa plus bouger, de peur de déclencher une réaction en chaîne avant que la figure allégorique promise par sa « Chose » ne soit mise en place. Assise ainsi, bien droite, docile et immobile, Mariette était plongée en elle-même, toute réjouie par cette chaleur qui l’envahissait.
    Etrangement, l’homme allongé semblait satisfait de son sort. Mariette s’était imaginée qu’aussitôt installée, le rodéo allait se mettre en marche. Comme lorsqu’on pose son cul sur un taureau furieux. Elle n’eut pas besoin de calmer la bête. « Il est peut-être mort et seule la rigidité cadavérique le maintient soudé à moi », songea un instant Mariette. Mais les petits soupirs discrets de son cadavre exquis la rassurèrent quant à ses possibilités futures.
Mariette était à deux doigts de lancer la machine, n’y tenant plus, quand deux mains se collèrent sous ses fesses et la soulevèrent légèrement. Une troisième se posa sur sa nuque et l’obligea à se pencher en avant. Une quatrième lui saisit la main gauche. Une cinquième s’empara de sa main droite. « Voyons, se dit Mariette, ça nous fait combien, tout ça ? Un, deux, trois et voilà le quatrième... »
    Deux mains supplémentaires lui caressèrent les joues et les cheveux puis firent basculer sa tête un peu plus en avant. D’instinct, Mariette ouvrit la bouche et un savoureux goût de papaye lui chatouilla les papilles. « Tiens, en partant, j’en piquerais bien deux ou trois comme ça ». Mais Mariette n’eut pas le temps de prolonger ses réflexions car la réaction en chaîne tant attendue se mettait en branle. Elle laissa à l’homme en face d’elle le soin de mettre la pompe en marche au gré des mouvements de balancier qu’il exerçait sur sa tête.
La main droite de Mariette et sa jumelle opposée, guidées à bon escient et transformées en fourreaux de fortune, s’étaient emparées chacune d’un drapeau qu’elles s’employaient maintenant à agiter d’un même rythme frénétique, comme pour saluer l’issue d’une course. Mais la ligne d’arrivée n’était pas encore en vue. Les coureurs étaient loin d’avoir épuisé toutes leurs ressources.
    L’un d’eux avait d’ailleurs décidé de prendre l’initiative. En l’occurrence, celui qui avait délicatement soulevé les fesses de Mariette et qui n’avait heureusement pas l’intention d’en rester là. Une fois le passage découvert (mais il devait bien se douter qu’il trouverait son bonheur de ce côté là), restait à se frayer un chemin. D’un doigt humide que Mariette identifia comme un index, l’homme massa l’entrée jusqu’à ce qu’elle cède d’elle-même, aspirant profondément ce substitut déjà bien suffisant pour procurer à Mariette un jugement favorable sur ce qui allait se passer. Prenant sa « Chose » à témoin, Mariette se demanda où elle pourrait bien loger un cinquième locataire. Mais elle n’attendit pas le verdict et un autre doigt (le majeur cette fois ?) la ramena à la réalité du terrain.
    L’homme derrière Mariette estima sans doute que le siège avait assez duré et passa subitement à l’attaque. A peine ses doigts libéraient-ils la place, qu’il embrocha Mariette sans crier gare et c’est elle qui émit un petit cri en se sentant ainsi envahie de toutes parts. La pointe de douleur provoquée par l’élargissement brutal de son anus ne dura pas. Elle avait maintenant l’impression de ne posséder qu’un seul et immense orifice battant la chamade au rythme imposé par le maître des lieux. D’autant plus que le second occupant, l’homme allongé sur le dos, était toujours sans réaction. Son unique rôle, jusqu’à présent, était de maintenir la cohésion de l’ensemble (ce qu’il faisait parfaitement en conservant son érection optimale).
    Mariette avait les joues en feu. Elle aurait bien aimé exprimer tout haut son état de pleine (toute pleine) satisfaction si l’homme qu’elle suçait furieusement ne la rendait pas muette par la force des choses. Elle commençait à avoir des crampes dans les bras à secouer ses amants latéraux qui, d’un commun accord (et sans doute pour l’harmonie de la figure imposée), s’étaient agenouillés pour mieux encaisser les attaques coulissantes.
Le premier qui céda fut celui que Mariette accueillait dans sa bouche. Elle sentit au bout de sa langue le réservoir du préservatif se remplir. Comme pour se venger de cette inauguration en grande pompe, Mariette ne lâcha pas prise. Au contraire, elle serra fortement les lèvres et reprit à son compte le mouvement d’avant en arrière que l’homme avait brutalement cessé. Le prisonnier se mit à gémir et trente secondes plus tard, n’y tenant plus, n’arrivant plus à faire la différence entre la douleur et le plaisir, il se dégagea d’un violent coup de reins en arrière... au risque d’y laisser quelques plumes.
    Comme deux fusées synchronisées d’un spectacle pyrotechnique bien réglé, main gauche et main droite jaillir simultanément. Certes, leur élan fut brisé net par l’enveloppe de latex mais l’explosion fut également sonore. « Un bel exemple de stéréo », fit judicieusement remarquer la « Chose ». Mariette avait d’autres préoccupations que de faire de l’humour.
Enfin libérée des à-côtés artistiques, Mariette pouvait désormais se consacrer tout entière à son propre ouvrage. Elle posa ses mains à plat par terre, bras tendus de part et d’autre de son confortable tapis de sol. Ainsi appuyée, Mariette pouvait prendre en main la situation. D’un mouvement de bassin, elle stoppa net la fouille minutieuse de ses arrières, pour imposer son intention de prendre les commandes. Jouant de ses cuisses comme des ressorts, elle reprit le rythme à zéro, montant et descendant avec une lenteur extrême pour mettre les deux pistons à l’unisson. Quand le moteur à deux temps fut bien réglé, elle mit le turbo et se laissa griser par la vitesse. Un triple bang salua le franchissement du mur du son quand Mariette donna le signal de l’arrivée. Lorsqu’elle se dégagea de l’homme allongé sur le dos, il bandait encore. Finalement, il était peut-être mort.
    Jouer au sandwich dans le rôle du jambon-beurre n’avait pas pour autant rassasié l’appétit de Mariette qui n’avait jamais encore vécu une telle boulimie de sexe. Elle avait littéralement le feu au cul et se demandait combien faudrait-il encore de pompiers pour éteindre l’incendie qui la consumait ?
    Chaque orgasme appelait le suivant. Seule la fatigue physique qui commençait à la gagner pouvait semble-t-il avoir raison de ses ardeurs.
    Se laissant aller au gré et aux caprices (et aux indications géographiques) de sa « Chose », Mariette épuisa encore une dizaine de partenaires. Elle réessaya même avec succès l’homme toujours allongé sur le dos, toujours aussi agréablement passif... Mais cette fois en candidat unique.
    Et le combat cessa, faute de combattant(e)s.
    Mariette accepta volontiers l’offre des hôtesses qui lui proposèrent un bain réparateur. Au vestiaire, Angélique avait plié bagages. Mariette avait bien l’impression d’avoir croisé au moins par une fois (de très près) le parfum de la vestale au cours de la soirée. Elle se dévêtit et se dirigea vers les baignoires, désormais dépourvues de sirènes. C’était l’heure du self-service.
Dans la baignoire de gauche, Arianne se prélassait comme une chatte au soleil.
    - « Je t’attendais. »
    - « Tu me fais une petite place ? »
    - « Volontiers. J’ai ajouté des essences de rose pour adoucir le bain. Après tous ces mâles en rut, ça me repose. »
    Avec une grosse éponge rose (au parfum assorti à la couleur), Arianne entreprit un lavage minutieux de sa compagne. Les yeux fermés, Mariette se laissait bercer par cette caresse délicate et bienvenue après toutes ces frictions corporelles.
    Arianne avait perdu sa fougue de l’après-midi et, visiblement repue par sa soirée, elle se contentait maintenant de chatouiller de-ci de-là le corps offert de Mariette. Mais ce n’était qu’un préambule à d’autres jeux.
    - « Ce soir, j’ai fait exprès de te laisser tranquille. Je t’ai gardée pour la bonne bouche. Pour finir en beauté, ma belle, ça te dirait de passer le reste de la nuit avec moi? »
    - « Dans cette baignoire ? »
    - « Je préférerais dans mon lit... Mais si tu as peur d’être trop sèche, on peut commencer ici... »
    - « Je te fais confiance pour ne pas me laisser indifférente », répondit Mariette en plongeant sa main entre les jambes d’Arianne.
    Le majeur investigateur s’enfonça directement, sans aucune résistance, dans un petit étui soyeux et lubrifié à souhait.
    - « Je constate avec plaisir que, pour ta part, tu as déjà commencé sans moi... »
    - « Je m’ennuyais un peu en t’attendant. Je suis venue avec ma voiture. On y va ? »


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Dimanche 20 août 7 20 /08 /Août 00:23
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Chapitre 13


    Mariette se représenta devant l’huissier de service. Elle se serait volontiers « déchaînée » sur le jeune homme mais, tout comme le sol et les murs, ce dernier restait de marbre malgré son regard insistant, juste en dessous de la ceinture (du moins l’endroit où l’on trouve généralement une ceinture). Sans montrer la moindre réaction, le zizi de l’huissier se balança à droite et à gauche tandis que son propriétaire accompagnait Mariette jusqu’à une porte à double battant. Il (pas le zizi, l’huissier !) l’ouvrit en grand et, prenant un ton solennel, lança à haute voix :
    - « Mariette ! »
    Après avoir refermé les battants, il retourna à ses occupations solitaires. Mariette se trouvait dans une antichambre où se tenait un second huissier, semblable en tout point au premier, sauf peut-être une légère différence de ton châtain sur la toison pubienne.
    - « Bonsoir, mademoiselle Mariette. Je vais vous expliquer les règles du jeu que vous devrez respecter à la lettre, sous peine d’expulsion... Et croyez-moi, j’en serais désolé », dit-il en lorgnant ouvertement sur l’ouverture du peignoir de Mariette.
    - « Vous allez me remettre votre peignoir et vos chaussons. Je vais poser sur vos yeux le bandeau de velours, puis le masque. Ensuite, je vous ferai entrer dans le salon. A l’intérieur, il y a déjà une vingtaine de personnes qui sont aussi « aveugles » que vous n’allez pas tarder à le devenir. Vous ne devrez jamais et je dis bien JAMAIS enlever le bandeau de vos yeux. Dans cette pièce, une seule personne, le Maître de ces lieux, assis dans son fauteuil, surveille le spectacle. Il y a aussi deux hôtesses qui sont chargées de vous diriger et de replacer votre bandeau s’il venait à sauter dans le feu de l’action. Auquel cas, vous devrez aussitôt fermer les yeux en attendant qu’une hôtesse se charge de tout remettre en ordre. Je vais également vous attacher cette ceinture qui contiendra dans sa petite poche latérale les quatre préservatifs que vous allez choisir. Si vous veniez à manquer de « provisions », levez la main et une hôtesse viendra vous ravitailler. Comme on vous l’a déjà bien précisé en arrivant, le préservatif est obligatoire. Toutefois, généralement, vos cavaliers sont galants et se chargeront eux-mêmes des préparatifs. Vous avez également un petit tube de lubrifiant à votre disposition dans la seconde pochette de la ceinture. »
    Fin des préliminaires. Mariette n’avait écouté que d’une oreille le discours ampoulé de l’électricien de service. L’autre en prise vers la porte close pour tenter d’écouter ce qui pouvait bien se passer dans le salon. Elle était parfaitement insonorisée et, là encore, Mariette resta sur sa faim. Elle se déshabilla, puisa dans un joli panier rose en osier pour faire ses provisions et elle se dit que, « vraiment, tous les goûts... Et les préservatifs, sont dans la nature ». C’était un peu comme un plateau d’apéri-cubes. Il y en avait à toutes les saveurs imaginables. Salées comme sucrées et même un « paprika » sur lequel elle hésita avant de se rabattre sur des valeurs sûres et sucrées, comme la vanille ou la fraise.
    Mariette laissa ensuite l’huissier boucler sa ceinture et attacher soigneusement le bandeau avant de poser le loup élastique sur ses yeux déjà aveugles. « Moi, j’y vois parfaitement ! » Mariette sursauta et l’huissier crut que c’était à cause de ses mains un peu fraîches qui venaient de saisir Mariette par les épaules pour la diriger vers le salon. Mais c’était bien sûr la « Chose » qui venait de se réveiller.
    Dans le corbillard, comme dans la baignoire, la « Chose » était curieusement absente. Mariette ne s’en était pas inquiétée outre mesure. Elle avait alors bien d’autres choses à faire et à penser.
    « Par exemple, je vois très bien que ton second portier n’est pas comme le premier. Je constate même que ta croupe, qu’il a sous les yeux, ne le laisse pas du tout indifférent. Moi, je serais toi, je ne le laisserais pas dans cet état. »
    - « Et comme toi, c’est moi, je sais ce qu’il me reste à faire », répondit Mariette à haute voix.
    Elle ne vit pas le regard interrogateur du jeune homme mais, de son côté, il n’eut pas à s’attarder longtemps sur ces paroles, pour lui mystérieuses. Mariette tendit le bras gauche en arrière et ce qu’elle saisit ne lui laissa aucun doute quant au don de double vue de sa « Chose ». Mariette avait les mains un peu froides, malgré une température ambiante fort convenable pour la tenue. Elle apprécia le contact doux et chaud. « L’idéal serait d’en avoir une pour chaque main », songea-t-elle en souriant. « Pas d’impatience, ça ne va pas tarder », lui répondit sa « Chose ».
    Mariette était plutôt du genre à faire l’amour toutes lumières allumées. Quand elle passait à table, elle aimait bien voir ce qu’il y avait dans son assiette. Parfois, une ambiance plus intime n’était pas pour lui déplaire mais elle n’avait jamais encore goûté au noir complet. Pour reconnaître le parcours, aucun problème. Mariette était en terrain connu. Elle commença par chercher un préservatif dans sa ceinture et plutôt que de s’évertuer à trouver l’endroit de l’envers, de sa main de libre, elle le tendit directement à son petit soldat dont l’uniforme laissait peut-être à désirer mais dont le garde-à-vous était parfaitement réglementaire...
    - « Madame désire-t-elle un petit échauffement avant d’entrer dans la salle ? »
    - « Pour la forme. Juste pour la forme », répondit Mariette en serrant un peu plus fort la forme en question.
    L’huissier ne se fit pas prier davantage. Après avoir gainé son outil, il introduisit (sans pêne) sa clef dans l’huis de Mariette. Une clef qui ne tarda pas à se transformer en passe-partout car le jeune homme accéda rapidement à la porte étroite pour danser un lent ballet alternatif où chacun des deux passages était délicatement forcé à tour de rôle.
Les deux mains appuyées contre l’épaisse porte molletonnée, Mariette se remit à sourire en imaginant un invité pressé de partir qui ouvrirait soudain les battants et recevrait sur les bras, en cadeau d’adieu, une jolie brochette.
    Le serrurier ne faiblissait pas dans son ouvrage et la porte du plaisir de Mariette s’entrouvrait un peu plus à chaque tour de clef.
    - « Viens, maintenant ! », lança Mariette.
    Le serrurier changea alors de tactique et entreprit carrément de défoncer le grand portail à coups de bélier répétés. Une méthode particulièrement efficace pour finir le travail, d’autant plus que les fondations étaient déjà sérieusement ébranlées.
    En même temps, l’assaillant et la saillie cédèrent à l’orgasme, ne se gênant pas pour exprimer leur contentement dans ce petit espace insonorisé.
    Le rouge n’eut pas le temps de disparaître des joues de Mariette que déjà l’huissier ouvrait en grand les portes du salon et annonçait à haute voix la nouvelle venue.



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Samedi 19 août 6 19 /08 /Août 00:21
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Chapitre 12


    Le corbillard s’était garé juste devant la porte d’une grande maison de maître située au milieu d’un bois. Toutes les lumières intérieures étaient allumées et des ombres dansaient aux fenêtres, derrière des rideaux blancs. La porte du van s’ouvrit toute seule. Comme le chauffeur n’avait apparemment pas l’intention de descendre, Mariette s’en chargea toute seule et se dirigea vers les quelques marches qui montaient jusqu’au porche. Aussitôt le corbillard redémarra, faisant crisser ses pneus sur le gravier. « D’autres invité(e)s à convoyer et à enregistrer, sans doute... »
    La grande porte s’ouvrit quand Mariette fit jouer le marteau en forme de phallus, discret et ouvragé en fer forgé. Un huissier apparut avec une belle et longue chaîne dorée autour du cou pour tout vêtement. Enfin, presque. En regardant attentivement, on pouvait remarquer que la reproduction miniature de la même chaîne s’enroulait autour du zizi de l’huissier. Un travail pour lequel il ne fallait pas craindre les courants d’air à l’approche de l’hiver. Pas de doute, ce devait être la bonne adresse.
    - « Si Madame veut bien se donner la peine d’entrer... »
    Au premier coup d’oeil dans l’immense hall, Mariette reconnut le style du décorateur qui était assurément le même que celui qui avait oeuvré à l’aménagement intérieur du corbillard. Le cuir cédait la place au marbre mais question rococo, luxe et stupre, on était logé à la même enseigne.
    - « Veuillez, je vous prie, vous diriger vers ce couloir », lui expliqua son Adam enchaîné. Il désignait du doigt un corridor sur sa gauche.
    Docile, Mariette suivit la direction indiquée et déboucha sur une vaste pièce embuée d’où émanaient de délicieuses senteurs fleuries. A travers un nuage de vapeur, elle distinguait des formes qui s’agitaient et entendait de l’eau qui clapotait. Sur sa droite, se tenait une sorte de vestiaire. Derrière un comptoir apparut une vestale en toge blanche, les cheveux tirés en chignon et ornés d’une fleur de lys blanc.
    - « Vos habits, s’il-vous-plaît... »
    - « Tous, je suppose ? »
    - « Evidemment. C’est la première fois que vous venez ? »
    - « Oui. »
-     « Et vous êtes là pour la soirée à thème ou pour un rendez-vous précis ? »
    - « Ce soir, je thème. »
    - « Moi non plus. Après le bain, pensez à revenir me voir pour que je vous fournisse le nécessaire et le suffisant pour la soirée. »
Pendant la discussion, Mariette avait ôté tous ses habits et les tendit à la jeune fille. Elle les déposa dans une corbeille en osier sur l’étiquette de laquelle elle inscrivit le prénom de Mariette après le lui avoir demandé.
    - « Moi, c’est Angélique ! C’est pas mon vrai prénom mais ici on trouve que je le porte bien. A tout à l’heure... »
    Nue et sans chaîne, Mariette s’avança sur les carreaux de marbre tièdes et quelque peu glissant. Arrivée au milieu de la pièce, elle constata que trois grandes baignoires circulaires, creusées à même le sol, étaient alignées devant elle. Celles de gauche et de droite étaient occupées et les quatre demoiselles penchées sur chacune étaient, elles aussi, très occupées. En s’approchant, Mariette remarqua que les deux « occupants » étaient des messieurs. Les deux périscopes qui dépassaient de l’eau ne laissaient aucun doute à ce sujet. Allongés dans leur piscine, les deux hommes avaient les yeux fermés et des mains expertes couraient le long de leur corps sans jamais s’attarder.
    En l’entendant arriver, quatre des huit postérieurs tentants qui lui faisaient face se retournèrent et Mariette s’aperçut que le côté face valait bien le côté fesse. Elles étaient toutes les quatre épilées et chauves et en les voyant s’approcher d’elle, Mariette leur trouva des airs de sirènes extraterrestres.
    Sans dire un mot, elles l’entourèrent et commencèrent à danser devant elle, frottant chaque partie de leur corps contre celui de Mariette, l’enduisant à son tour d’huile parfumée dont elles étaient recouvertes. Se laisser ainsi caresser par un cou, un sein ou une hanche était une expérience des plus agréables et les jambes de Mariette étaient sur le point de fléchir. L’une des ondines la prit par la main et la guida vers la baignoire centrale. Mariette enjamba le rebord et posa avec précaution un pied dans l’eau. Chaude à point.
    L’eau était peu profonde. Une fois allongée, la pointe des seins de Mariette dépassait à la surface comme deux îlots jumeaux. Aussitôt, huit mains entamèrent leur ballet, provoquant des remous, des vaguelettes qui venaient se briser sur le cou de la baigneuse. Les yeux fermés, Mariette se laissait bercer par ces caresses parfois coquines (mais sans plus) qui l’envahissaient de partout, du gros orteil au lobe de l’oreille. Pas un millimètre de peau n’était épargné sauf l’espace entre les jambes de Mariette que les mains prenaient un malin plaisir à contourner sans jamais l’aborder.
    Mariette n’attendait plus que ça. Pour montrer son impatience, elle se cambra et écarta légèrement les cuisses pour que ses hôtesses n’aient aucun doute sur ses intentions.
Rien n’y fit. Ni les gémissements que Mariette émettait, ni ses petits mouvements d’avant en arrière destinés à ce que l’eau chaude crée un agréable courant à l’intérieur de ses jambes. Comprenant qu’elle devrait se débrouiller toute seule, Mariette laissa ses fesses reposer de nouveau au fond de la baignoire et dirigea sa main gauche vers son but. A sa grande surprise, à peine avait-elle effleuré son sexe du bout du doigt, qu’une main se saisit de son majeur et le ramena sur son ventre. Une seconde main l’appuya fermement et une troisième lui lança une pichenette sur l’un des deux bouts de sein qui n’apprécia guère. Ce n’était pas trop douloureux mais suffisamment fort pour que Mariette se redresse d’un coup et ouvre les yeux.
    - « Aïe ! » entendit-elle sur sa droite.
    En tournant le cou, elle vit que l’un des deux hommes avait lui aussi cédé à la tentation en agrippant un sein à sa portée. Pour toute récompense, il venait de recevoir la même punition que Mariette. Mais lui, en plein sur son sexe dressé. Et même une seconde tape, destinée à lui faire lâcher prise...
    Cela fit sourire Mariette qui se dit, qu’après tout, elle avait connu des préliminaires plus désagréables. L’une de ses sirènes lui déposa sur les yeux et le front un gant chaud et odorant. Mariette glissa dans l’eau pour retrouver sa position. Pas la peine d’insister. Autant se laisser aller et laisser monter son désir au maximum. Ce qui semblait bien le but de l’opération.
    Après un bon quart d’heure de délices aquatiques, Mariette était au comble de sa frustration. Elle n’osait plus se montrer entreprenante. Elle entendit de gros clapotis, sur sa gauche, puis sur sa droite. Soulevant le gant d’une main puis ouvrant un oeil, elle vit les deux hommes visiblement dans le même état d’excitation qu’elle. Les quatre sirènes disponibles s’affairaient pour les sécher avec de grandes serviettes... Tout en prenant soin de ne (même) pas effleurer l’étrange objet de leur désir qui avait pourtant la forme idéale pour servir de porte-serviettes.
    Refermant les yeux, Mariette vit instantanément ces deux sexes dressés se jeter sur elle et la posséder. Elle se doutait bien que, dans la réalité, ses quatre gardiennes attitrées ne les auraient pas laissé faire. Pas encore.
    Estimant certainement qu’elle était à point, les huit mains se saisir de Mariette et l’aidèrent à se relever avant de la sécher à son tour. Une seule fois, une serviette vint se glisser entre ses cuisses et le frottement du doux tissu fut comme une décharge électrique. Mais ce n’était que pour l’essuyer et rien d’autre car, bien qu’elle conservât les jambes écartées, la main « fautive » ne revint pas.
    - « Alors, ça vous a plu ? » demanda Angélique. Sans attendre la réponse, elle lui tendit un peignoir immaculé et une paire de mules à sa pointure (les données enregistrées dans le corbillard circulaient vite !).
    - « C’est juste pour aller au grand salon... Ensuite, vous n’en aurez plus besoin... En revanche, n’oubliez pas ça. C’est indispensable pour ce soir ! »
    Mariette attrapa un large ruban de velours noir et un loup du même tissu mais sans trou pour les yeux. Plus besoin de lui faire un dessin pour illustrer le thème « fermer les yeux »... Quant à « Et laisser vous guider par votre instinct », dans l’état où elle était, Mariette n’en demandait pas davantage.




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Vendredi 18 août 5 18 /08 /Août 00:18
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Chapitre 11


    « Je te signale que si tu as encore une idée derrière la tête, tu vas finir par me faire rater le rendez-vous. » « Je te suis. » se répondit à elle-même Mariette en lieu et place de sa « Chose ».
    Mariette arriva à l’arrêt du bus avec une petite dizaine de minutes d’avance et elle se dit qu’avec dix minutes supplémentaires, la « Chose » aurait bien déniché, même sur place, un petit passe-temps casse-croûte pour la faire agréablement patienter. D’ailleurs, cela n’aurait été guère compliqué, au vu des regards que les hommes lui lançaient, de la voir ainsi, le sac dansant à l’épaule, appuyée contre un Abribus, alors que le dernier transport en commun avait quitté les lieux depuis une bonne heure.
    A 21 heures sonnantes, un van Chrysler noir métallisé s’arrêta devant elle. « Charmant, le comité d’accueil », songea Mariette en voyant s’ouvrir la porte arrière du corbillard aux vitres fumées. Comme personne n’en descendait, elle s’en approcha timidement pour jeter un coup d’oeil à l’intérieur.
    - « Veuillez monter, je vous prie », fit une voix sortant d’un petit haut-parleur accroché au plafond et qui devait appartenir au chauffeur invisible.
Mariette monta. Elle entendit un petit déclic et la porte se referma toute seule.
    - « Installez-vous confortablement. Le trajet va durer environ une heure. Je vais maintenant obturer les fenêtres car vous ne devez pas connaître votre destination. Ne vous inquiétez pas, nous nous chargeons de tout. »
    Le van démarra en douceur dès que Mariette s’assit dans un petit canapé moelleux. L’intérieur du véhicule n’avait rien d’une crypte malgré ses apparences. C’était même un peu trop kitsch, style petit salon d’attente d’un bordel des années vingt, avec du rose à outrance, des dentelles voyantes et, accrochées à la paroi matelassée, trois gravures coquines.
    - « Si vous voulez vous servir un verre, vous avez un réfrigérateur dans la commode en face de vous. »
    - « Merci. Je n’ai pas soif », répondit Mariette en levant la tête pour s’adresser au haut-parleur.
    - « Alors, allez vous installer dans le fauteuil et ouvrez le secrétaire. »
    Mariette s’exécuta. Une fois assise, elle tourna la clef et ouvrit le meuble. Un micro-ordinateur se mit en place sur la tablette qu’elle venait d’abattre et le voyant rouge passa au vert tandis que l’écran s’alluma.
    - « Veuillez maintenant suivre les instructions qui vont s’afficher et répondre à toutes les questions. Si vous refusez de répondre et c’est parfaitement votre droit, je vous ramènerai à votre point de départ où à l’endroit que vous souhaitez. »
    « Trop poli pour être honnête », « Il faut se méfier de l’eau qui dort », « Ne monte jamais dans la voiture d’un inconnu »... Ce n’était vraiment pas le moment de se remémorer les conseils de sa mère mais Mariette n’était pas du tout rassurée. Après tout, elle et Arianne n’avaient pas (encore) gardé les cochons ensemble...

    Les premières lignes de questions s’inscrivirent : « Veuillez, s’il-vous-plaît, écrire votre nom et votre prénom ». Décidément, ils étaient très « plaisants ». Mariette se dit aussi qu’elle ne risquait pas grand chose à se dévoiler. Et pour ce qui était des prospectus, en recevoir un de plus ou un de moins à la maison, ne ferait guère la différence.
Suivait un très classique état civil, incluant un carnet de santé complet (maladies infantiles et vaccinations. Toutefois, point de numéro de sécu, ni cachet du médecin faisant foi) puis un curriculum vitae digne d’un candidat au poste de haut fonctionnaire. Mariette avait l’impression de se mettre entièrement nue avant l’heure.

    Une fois cette partie dûment remplie, l’ordinateur la prévint, toujours en termes complaisants, que Mariette ne serait ce soir qu’une simple « invitée ». Elle profiterait donc à ce titre, non pas d’un traitement de faveur mais d’une sorte de privilège « que vous ne pourrez obtenir qu’une fois par an ».
    - « Si vous désirez en savoir plus, cliquer sur le champ Bienvenue au club. Sinon, cliquez sur le champ Invité(e) et le questionnaire prendra fin. »
    Et l’ordinateur de préciser, « Si toutefois vous souhaitez éventuellement vous joindre à nous régulièrement et profiter pleinement des avantages de notre club, veuillez poursuivre ce questionnaire et le remplir dans son entier. Vous aurez ensuite huit jours pour satisfaire les conditions financières d’inscription (un descriptif détaillé des différentes formules vous sera adressé dès demain à votre domicile). Pendant ce laps de temps,  il faudra qu’au moins deux des membres de notre club cooptent votre candidature. Aussi, nous vous invitons à prendre quelques contacts dès ce soir avec les personnes qui sembleraient s’intéresser à vous. »
Mariette cliqua le champ Bienvenue, plus curieuse qu’intéressée.

    Elle dut alors fournir sa description physique (mensurations de bas en haut) mais aussi sa couleur préférée, ses parfums favoris, avant de passer au chapitre « Fantasmes et pratiques ».
    « Acceptez-vous la fellation ? », « la pénétration anale ? », « la double pénétration anale-vaginale ? », « la double pénétration vaginale ? », « la double pénétration anale ? », « la triple pénétration... » Les questions commençaient à lui sortir par tous les trous mais Mariette continuait résolument à cocher les cases « Oui » avec la souris (en forme de vagin avec le « clic » sur le clitoris). Elle préféra toutefois opter pour la case « Non », à partir de la « triple pénétration », ce qui eut pour effet immédiat de passer au chapitre suivant. Mariette était désolée. Elle ne saurait jamais jusqu’où le questionnaire poussait la fantaisie dans l’exploit sportif.

    Elle acceptait l’homosexualité « active » et « passive »... Mais pas de s’accoupler avec un cheval, pas plus qu’avec un chien. En cas de « Oui », elle suppose que tout le zoo aurait défilé, se demandant quand même s’il y avait une case « porc-épic »...

    Elle refusa tout net le fouet et autres tortures moyenâgeuses dont certaines, sans doute difficiles à décrire, étaient illustrées par des photos tout ce qu’il y a de « parlantes ». Toutefois, au chapitre du « bondage », elle consentit à se laisser attacher, en rajoutant dans le champ Remarques, « A condition que les liens ne soient pas trop serrés et ne laissent pas de marques. »

    Elle glissa un « Non » commun à toutes les questions sur le « hard crade », se disant que si un jour le ketchup ou la scatologie devait la tenter (ce dont elle doutait), elle préférerait se trouver un initiateur-trice par elle-même.

    Pour le « voyeurisme », elle donna son accord, précisant qu’elle préférait « y ajouter une touche personnelle active ».
    Finalement, la question qui lui posa le plus de problème était celle de savoir si oui ou non elle pouvait se laisser raser le sexe. Mariette n’avait jamais encore franchi ce cap (elle se contentait de laisser l’esthéticienne y apporter sa touche esthétique) et finalement conclut par un « Non ». Elle se disait que, là encore, si elle devait le faire, cela se déroulerait dans l’intimité de sa propre salle de bain.

    La partie qui amusa le plus Mariette fut assurément le chapitre consistant à « Classer de un à dix vos positions préférées ». L’écran se divisa en vingt-cinq cases numérotées, avec une petite note en bas à droite : « Il existe bien sûr d’autres positions mais qui sont généralement des simples (là, Mariette se demandait si le mot était bien choisi) variantes de celles que vous pouvez voir ci-dessus. Si vous souhaitez porter votre choix sur d’autres positions, cliquez le champ Autres positions et décrivez en détail celles qui vous intéressent. »
    Celles que voyait Mariette sur l’écran lui suffisaient amplement. Chaque case de ce « catalogue » était représentée par une photo sans équivoque où le même homme et la même femme s’emboîtaient parfaitement pour constituer un drôle de puzzle.
    La numéro 1 était la « classique » position du missionnaire. La femme étendue sur le dos, jambes allongées et écartées.  L’homme dominant la situation, bras tendus en appui. Mariette la choisit en premier. C’était certes tout ce qu’il y a de plus banal mais dans la grande majorité des cas - ce qu’elle venait de vivre aujourd’hui sortait de la norme - elle faisait l’amour dans un lit. Mariette appréciait de se retrouver confortablement installée (elle glissait souvent, en plus, un oreiller sous ses reins), pouvant se laisser aller ainsi, toute à son plaisir. Et puis, le « missionnaire » était une figure de base qui pouvait rapidement se métamorphoser en d’autres exercices tout aussi sympathiques laissés à l’appréciation des partenaires. Comme saisir les deux chevilles pour lever les jambes bien à la verticale. Ou replier légèrement les genoux pour mieux accueillir son hôte. Voire même croiser les jambes dans son dos pour l’ancrer profondément. Ou lui laisser glisser les bras sous les genoux pour bien la basculer en arrière (sa préférée pour la pénétration anale). Ou bien carrément l’attirer, poitrine contre poitrine pour se sentir écrasée sous le poids de son désir.
    La numéro 2, en « levrette », était tout aussi « classique ». Une position « typiquement intellectuellement masculine », songea Mariette... Mais qui n’était pas pour lui déplaire. Elle prenait simplement la précaution de se faire prendre ainsi dans le mitant du lit, ayant par deux ou trois fois subit des assauts désagréables pour s’être cognée la tête contre le mur. Désormais, Mariette enfouissait également sa tête dans un oreiller. Ce qui avait pour effet secondaire non négligeable de largement mettre en valeur sa croupe offerte. Elle avait parfois tenté de profiter de cette position pour glisser sa main gauche sur son sexe et se procurer quelque plaisir supplémentaire mais l’équilibre sur une seule main était trop précaire pour pouvoir se concentrer pleinement sur sa jouissance. Si la zigounette du monsieur était assez puissante et expérimentée pour faire son travail toute seule, Mariette appréciait également que son cavalier lui saisisse les seins à pleines mains et les caresse tout doucement. Mais ce n’était guère recommandé car le partenaire, souvent entraîné par la suggestivité de cette position un peu bestiale, se montrait facilement trop brutal pour sa délicate poitrine. Quant à l’image des « pinales », avec l’homme profitant de sa position dominatrice pour saisir la crinière de la femme et la tirer en arrière, elle ne conseillait à personne d’essayer sur sa personne, sous peine de désagréments subits. Cela lui était arrivé une fois et, en réaction, Mariette s’était aussitôt laissé rouler sur le côté... Et comme l’homme en question n’était pas équipé d’un phallus en forme de tire-bouchon, il avait vite compris qu’il ne devrait pas recommencer. Mariette classa la « levrette » en quatrième place, se disant qu’elle trouverait facilement son bonheur pour la 2 et la 3.
    Justement, Mariette ne se fit pas prier pour classer juste derrière le « missionnaire », la position 5. La femme était allongée, tournée sur le côté. L’homme, étendu derrière elle, lui tenait une jambe légèrement repliée vers le haut pour mieux pousser en avant ses investigations. Côté confort, la 5 était parfaite. Elle avait également des avantages annexes. Ainsi, Mariette ne se gênait pas pour, de sa main gauche (quand elle était sur le côté droit) ou de sa main droite (quand elle était sur le côté gauche), accompagner le rythme en se frictionnant le clitoris. C’était également bien pratique pour terminer un rapport qui s’éternisait. Il lui suffisait alors de se servir de sa main libre comme d’un pressoir à citrons. Quelques massages appuyés sur les testicules du monsieur ne tardaient jamais à faire mûrir le fruit de ses efforts.
    Pour un autre « classique » du genre, le « 69 », classé 10, elle ne prit pas la peine de l’inventorier. Mariette reprochait simplement à cette position de ne pas apporter à la fois du plaisir et d’en recevoir la juste contrepartie espérée, alors que c’était le but avoué de ce serpent qui se mord la queue (au sens figuré uniquement). Mariette préférait nettement procéder à un « 6 » suivi d’un « 9 » (ou l’inverse), plutôt que de réunir ces deux chiffres dans une figure commune.
    Mariette ne put s’empêcher de sourire en détaillant ensuite certaines positions qui relevaient davantage du numéro de cirque que de l’art de bien jouir. « Brouettes » savantes, contorsions « torticolesques », représentaient certes un esthétisme recherché mais elle doutait d’arriver ainsi à ses véritables fins (faims).

    « Exigez-vous le port d’un préservatif pour vos partenaires ? » Sans hésitation, elle répondit par l’affirmative et l’écran se mit alors à clignoter avec un message d’alerte.
« Au cours de toutes nos soirées, le préservatif est obligatoire. Nous vous en fournissons autant que vous voulez, au parfum de votre choix, à la taille et à la forme désirées. Tout rapport sexuel non protégé, même après un consentement mutuel, entraîne l’exclusion immédiate et définitive des deux partenaires. »
    « Bon, se dit Mariette, au moins je vais faire des économies de ce côté là. »
    « Pour continuer, appuyer sur le champ OK. »
    « OK. »
    « Bienvenue aux Rencontres du troisième type ! »
Acceptée. Lue et approuvée. L’heure était écoulée et l’heure était arrivée de faire des « rencontres ».



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Jeudi 17 août 4 17 /08 /Août 00:15
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Chapitre 10


   Mariette n’avait jamais de montre. Sa « Chose » était utile à plus d’un titre et tenait à la perfection le rôle « d’horloge parlante ». « 19 heures, 45 minutes et 30 secondes ». « Prétentieuse ! », lui rétorqua Mariette qui avait devant le nez une pendule publique indiquant « 19 heures, 35 minutes » et quelques poussières négligeables de secondes.
   Quoi qu’il en soit,  elle avait encore une bonne heure à faire durer et elle avait maintenant un peu faim. « Tu as encore de bonnes adresses ? », demanda Mariette à sa « Chose » à haute voix car elle était seule dans la rue. C’était plus pratique ainsi puisque désormais la « Chose » semblait avoir des dispositions pour la conversation. « Tu en doutes ? » « Propose et je verrai. Sache que c’est, jusqu’à preuve du contraire, encore moi qui dispose. Non ? » Pas de réponse.
   Mariette reprit donc sa marche au hasard. Tout en prenant soin de ne pas trop s’éloigner de son lieu de travail. Ses pas la conduisirent tout droit vers un petit bistrot à l’ambiance estudiantine où elle aimait se rendre pour se replonger dans ses années Bac. « On est arrivé ? » « On est arrivé ! » « Option sandwich ? » interrogea Mariette. « Mange, tu ne sais pas qui te mangera », répliqua la « Chose ».
   Au comptoir régnait une « mama » que « ses » petits protégés appelaient « Maman ». C’était une efficace veuve quinquagénaire, à la tenue toujours un peu trop affriolante pour son âge et au comportement sans doute légèrement « incestueux ». Certains étudiants ne se cachaient pas de suivre avec elle quelques leçons du soir un peu particulières.
   « Maman » astiquait méticuleusement les becs verseurs de sa fontaine à bière. Juste en face d’elle, un jeune potache salivait. Chacun sa pression. Il n’y avait pas d’autre client dans la salle.
   - « Bonjour Maman. Tu me sers, s’il-te-plaît, un sandwich jambon-tomates-salade-verte-mayonaise-olives-noires. J’ai une faim de louve. »
   Le post-adolescent jeta à Mariette un regard langoureux, laissant comprendre qu’il était lui aussi en appétit. Sandwich en main, Mariette alla s’installer sur une banquette de cuir rouge fané, dans le fond du bar. Elle fut bientôt rejointe par le jeune matou mateur qui, d’un pas décidé, vint s’installer juste à côté d’elle faisant fi de sa timidité.
   - « Excusez-moi de vous déranger, madame. Je m’ennuie un peu et si cela ne vous ennuie pas... »
   - « Juste cinq minutes. Je finis mon repas et je n’aime pas parler la bouche pleine... »
   Le jeune homme ne perdait pas une miette du repas de Mariette. Elle, de son côté, prenait un malin plaisir à se passer la langue sur les lèvres pour ramener pas très discrètement un petit morceau d’olive vers sa bouche ou à chasser d’un revers de main appuyé une miette de pain en équilibre sur sa poitrine.
   - « Ça y est. J’ai fini. A nous deux ! Que puis-je pour votre service ? »
   - « Juste causer un peu. »
   - « C’est que je n’ai pas trop le temps... »
   Regard désappointé du jeune homme.
   - « ... Pour les préliminaires. Mais si c’est pour ça, on peut s’y mettre tout de suite... »
   Sans prévenir, Mariette posa directement sa main gauche sur l’entrejambe de son interlocuteur et commença à masser vigoureusement le renflement.
   - « Heu... Excusez-moi mais... Heu, je n’ai pas d’argent pour ça... », bredouilla-t-il.
   - « Je me paye en nature. Laisse-toi faire. »
   Pas besoin de lui dire à deux fois. Le jeune homme bascula sa tête en arrière contre le dossier en cuir et ferma les yeux. Au comptoir, « Maman » ne semblait pas du tout gênée par la situation. Elle lança même aux deux tourtereaux :
   - « Si t’es vraiment pressée, ce n’est pas grave, je m’occuperai de le finir. Il n’y a pas trop de clients en ce moment ! »
   - « Désolée, Maman. Je crois que tu vas devoir te contenter du second service », répliqua Mariette en accélérant la cadence.
   Mariette n’avait jamais fait ce genre de chose en public. Elle se sentait étrangement à l’aise. Même plutôt excitée de savoir « Maman » en train de les observer.
   Mariette ne s’intéressa pas à la ceinture du pantalon mais ouvrit directement la braguette. Le jeune phallus n’avait peut-être pas souvent servi mais Mariette se dit que ce serait dommage de laisser dormir dans son écrin un tel bijou de famille. Elle comprenait parfaitement l’intérêt de « Maman » de pouvoir puiser directement dans son « cheptel ».
Mariette lécha copieusement l’intérieur de sa main gauche et la déposa ensuite, comme un trophée, sur le mont chauve. La paume bien à plat, elle entama un léger mouvement rotatif avant de laisser ses doigts se poser le long de la colonne de chair. Elle leva puis baissa la main, maintenant fermement sa prise du bout des doigts pour faire coulisser la fine peau. Elle marquait chaque descente par un arrêt, appuyant résolument avec la paume sur le sommet du pénis.
   Après une vingtaine de montées-descentes (pas étonnant que ce genre de tractions s’appelle des « pompes »), Mariette changea de tactique. Elle saisit le sexe du jeune homme directement à sa base, à pleine main et le serra très fort comme pour en exprimer tout le jus. Son propriétaire ouvrit la bouche et lâcha un petit cri de surprise mais certainement pas de douleur.
   D’abord tout doucement puis de plus en plus vite, elle reprit son manège vertical en se tournant un peu sur le côté pour faire entrer sa main droite dans le jeu. Celle-ci se glissa directement sous le slip et emprisonna les deux testicules qu’elle entreprit de faire rouler l’un contre l’autre tandis que le majeur (droit) de Mariette explorait le terrain plus en arrière. Le majeur prit position sur une petite boule renflée et toute dure qui témoignait que la pression était au maximum. De sa main gauche, Mariette assurait l’essentiel tandis que le majeur doit massait consciencieusement la partie qui lui était dévolue.
   Mariette avait bien envie de s’occuper aussi un peu d’elle mais elle n’osait pas appeler « Maman » à la rescousse. Elle préférait lui laisser le rôle d’espionne et d’éventuelle avertisseur sonore si un client se présentait. Comme on n’est jamais si bien servie que par soi-même, Mariette libéra sa main gauche pour la plonger dans son sac et en tirer le troisième préservatif de la journée. Pas le temps de choisir. De toutes manières, il ne lui en restait plus qu’un à la vanille et un dernier, sans parfum.
   Elle hésitait encore sur la marche à suivre. Laquelle des deux bouches (elle n’envisagea même pas la troisième solution, l’excitation du jeune homme n’aurait pas résisté à une pénétration trop étroite) allait la première croquer ce fruit juteux ? Elle se dit que, finalement, si son partenaire arrivait à tenir le choc, elle pourrait bien faire d’une bitte deux bouches.
Mariette déposa le rond de latex sur le gland, déroula deux petits centimètres d’amorce et posa sa bouche dessus pour finir de l’enfiler entièrement avec ses lèvres. C’était un exercice périlleux (classé « trois phallus » dans certaines revues spécialisées). Elle possédait toutefois assez de pratique afin de ne pas rater son coup. C’était d’autant plus facile que le sexe en question était raide comme une trique (d’où l’expression) permettant d’assurer le bon déroulement de l’opération.
   Dommage, c’était celui sans parfum. Donc, autant ne pas s’attarder et passer directement à la suite des événements.
   Remplaçant sa bouche par sa main gauche, Mariette maintint l’objet de ses désirs bien à la verticale. D’une seule enjambée, elle fit demi-tour pour se retrouver à chevaucher sa monture face à face. Mariette avait toujours sa main droite coincée sous la selle et le majeur lançait de grands coups d’éperon, glissant parfois un peu jusqu’à s’enfoncer d’une bonne phalange dans l’anus. Toutefois, si ce dérapage non contrôlé ne provoquait pas de réprobation de la part de l’intéressé, cela obligeait Mariette à se tordre le poignet. Le majeur retourna donc dans sa position plus confortable et reprit le massage sur ce renflement d’où Mariette savait que la conclusion ne tarderait plus à partir.
   Mariette se doutait qu’elle n’aurait pas le temps de profiter pleinement de sa randonnée équestre. « Qui veut baiser longtemps ménage sa monture » préconise le dicton. Dans le cas présent, cela tenait davantage du débourrage que du numéro de dressage. Alors, autant bourrer ! A peine trente secondes après avoir atteint la vitesse de croisière, Mariette vit la face de son étalon se métamorphoser.
   Quand Mariette n’avait pas les yeux fermés, concentrée sur son propre plaisir, elle aimait bien observer la tête de son partenaire et lire l’orgasme se dessiner sur son visage. Elle vit les yeux se plisser, les lèvres s’ouvrir, les pommettes se colorer d’un seul coup et même les oreilles se tirer légèrement vers l’arrière. Au même instant son majeur droit lui indiqua que le temps de la libération était venu. Le petit renflement se durcit encore un peu plus pour se préparer à expulser son contenu.
   Mariette réservait au jeune homme une surprise de son cru. Ou plutôt, c’était un de ses amants, grand spécialiste de l’onanisme (un self made man comme on n’en fait plus) qui lui avait fait découvrir cette pratique qui consiste à presser fortement, juste entre ce petit renflement (présent uniquement pendant l’érection) et les testicules. Ceci afin de bloquer le passage du sperme au moment décisif. Le résultat est carrément une absence d’éjaculation si on maintient la pression assez longtemps ou une explosion digne des plus grandes éruptions volcaniques si on finit par rouvrir le canal sans trop tarder. Son amant lui avait organisé quelques séances de travaux pratiques afin de découvrir le moment précis et le temps exact nécessaire pour arriver à ses fins. L’idéal était de bien connaître son partenaire. Dans le cas présent,  Mariette travaillait sans filet. Le majeur sentit la boule se contracter et se relâcher convulsivement, provoquant la montée simultanée de l’orgasme. Mais celui-ci n’aboutit que quatre secondes plus tard (et dans ces moments là les secondes sont éternelles), quand Mariette le décida. Elle regretta d’avoir posé au dernier moment son visage contre celui du jeune homme car il lui déchira pratiquement les tympans quand Mariette le libéra de son plaisir.
   - « Eh bien, ma petite, il faudra que tu me donnes la recette ! » s’exclama « Maman », admirative.
   - « La prochaine fois. Là, j’ai encore du travail qui m’attend », répondit Mariette en décalant sa main droite pour maintenir en place le préservatif tandis qu’elle se désolidarisait de sa situation épique.
   Rajustant sa jupe, Mariette se leva et s’éloigna vers les toilettes. Elle se lava soigneusement les mains. Elle aurait bien voulu également vider sa vessie mais son excitation était encore trop forte et elle n’insista pas face à cette miction impossible.
En retournant dans la salle du bar, elle remarqua que le jeune homme avait disparu. « Maman », penchée en avant sur la tablette en cuivre, avait les yeux fermés et quelques bruits de succion suspects provenaient de derrière le comptoir.
   Mariette paierait son sandwich la prochaine fois. Le petit poulain de « Maman » avait retrouvé tout seul le chemin de son box.








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Mercredi 16 août 3 16 /08 /Août 00:11
- Publié dans : Roman : "La Chose" - Voir les 0 commentaires
Chapitre 9


   A 19 heures pile, Mariette se leva de son fauteuil, mit son manteau et prit son sac. La porte de la cabine d’Arianne était entrouverte mais la belle avait déjà filé. Dans son casier, Mariette trouva comme prévu une enveloppe, sur laquelle était épinglée une petite rose séchée et parfumée. Sans ouvrir l’invitation, elle la glissa dans son sac et sortit.
   Les feuilles du soir commençaient à s’accumuler sur les trottoirs, n’adhérant pas à la même convention collective que les balayeurs. La nuit était là. Fraîche à point. Mariette n’avait toujours pas remis sa culotte, même après une bonne douche réparatrice prise chez Arianne. Elle sentait la bise d’automne s’insinuer sous sa jupe pour des courants d’air fripons.
   Elle avait envie de diriger ses pas vers le domicile d’Arianne. Autant pour grignoter un bon petit plat que pour se laisser grignoter une nouvelle fois. Bizarrement, sa « Chose » ne la conseillait pas en ce sens. « Va plutôt dans ce petit resto de fruits de mer. Comment il s’appelle, déjà ? Ah, oui ! La « Marée haute ». Je suis sûre que tu te régaleras. » Si sa « Chose » l’affirmait, Mariette ne doutait pas qu’elle aurait raison.
   Il était encore trop tôt pour dîner mais la salle du restaurant était pratiquement pleine. Un banquet occupait la partie centrale et seules quelques « alcôves » étaient encore disponibles. Le serveur installa Mariette à une petite table en retrait, juste en vis-à-vis avec une autre où une femme distinguée était déjà aux prises avec une douzaine d’huîtres.
   Mariette aimait bien la disposition des lieux qui permettait aux convives de manger en toute tranquillité sans avoir à digérer plus ou moins bien les propos des voisins. Une fois attablée, Mariette ne pouvait voir la partie centrale du restaurant, masquée à ses yeux par un pan de mur. Il en était bien sûr de même pour « la femme assise en face ». Un épais rideau pouvait également être tiré pour « cloîtrer » l’alcôve mais (« Pour l’instant », ajouta malicieusement la « Chose » à la réflexion de Mariette) cela n’était pas nécessaire.
   Après avoir passé sa commande, Mariette retira l’invitation de son sac. Elle l’ouvrit en prenant soin de ne pas la déchirer. Elle en sortit un épais carton de bristol aux caractères imprimés, avec juste deux blancs pour inscrire à la main les prénoms voulus. Elle portait l’en-tête « Rencontres du troisième type ». Mariette lut : « Arianne a l’immense plaisir réciproque d’inviter Mariette à participer à la soirée du 22 septembre qui se déroulera sur le thème Fermez les yeux et laissez-vous guider par votre instinct ». L’instinct de Mariette lui soufflait qu’elle ne manquerait pas de guides.
   En tout petit, au bas du carton, Arianne avait écrit : « rdv à 21 heures précises à l’arrêt de bus devant le bureau. Un service de ramassage se chargera de t’amener à destination. Pas de tenue de soirée exigée, tu comprendras vite pourquoi... »
   Pas la peine de lui faire un dessin.
   Mariette souriait en finissant de lire le message. Quand elle releva la tête, elle remarqua que « la femme assise en face » ne cessait de l’observer. Elle ne tarda pas à en deviner la raison. En s’asseyant, la jupe était largement remontée sous ses fesses et désormais « la femme assise en face » avait une vue imprenable sur monts et merveilles. Mariette la fixa droit dans les yeux. Plutôt que rabattre le tissu sur ses genoux ou serrer ses cuisses, elle écarta les jambes. Lentement. Au maximum. Se laissant même glisser un peu vers l’avant du siège. Mariette n’avait pas quitté son sourire et « la femme assise en face » le lui rendit puis se replongea dans son assiette.
   Le serveur déposa devant Mariette une assiette de moules fleurant bon le safran. Elle avait pris la précaution de demander que l’on ôte l’ail de la recette originelle, se doutant que ce genre de saveur ne correspondrait guère à l’ambiance de la soirée qui l’attendait.
Mariette était fascinée par ces coquillages anodins qui, une fois débarrassés à moitié de leur chaste coquille, ressemblaient à s’y méprendre au sexe d’une femme. Certes, le « clitoris » était proportionnellement quelque peu démesuré mais tout à fait à sa place, à l’abri des grandes et des petites lèvres dont la couleur chair ajoutait une touche de réalisme. Du bout de sa fourchette, Mariette s’amusa à titiller « l’organe », sans se rendre compte que le serveur était toujours debout devant elle, à surveiller son manège.
   - « Et pour la boisson ? »
   - « De l’eau, merci. »
   - « S’il-vous-plaît ? »
   « La femme assise en face » s’adressait au serveur qui détourna les yeux de l’assiette de Mariette. Il se dirigea, comme un bon toutou obéissant, vers sa seconde cliente. « La femme assise en face » était toujours assise mais elle s’était déplacée sur le côté de sa table, comme si elle s’apprêtait à se lever pour partir. Quand le serveur se présenta devant elle, elle avait le visage à la hauteur de la ceinture du jeune homme. D’un mouvement brusque, elle lui posa les deux mains sur les fesses et attira directement l’homme contre sa bouche. Le serveur n’émit aucune protestation mais tourna la tête par-dessus l’épaule. Il était visiblement plus embarrassé par la possible réaction de l’autre cliente que par la situation, qui ne devait pas être une première entre lui et « la femme assise en face ». Celle-ci releva la tête.
   - « Ne t’inquiète pas. Je suis sûre qu’elle est d’accord. », dit-elle assez fort pour que Mariette entende. Puis elle ajouta d’une voix autoritaire :
   « ... Va tirer le rideau ! »
   Le serveur ne regarda pas Mariette, sans doute peu convaincu par les paroles rassurantes de sa maîtresse mais il exécuta aussitôt l’ordre qu’il venait de recevoir. En l’observant retourner vers « la femme assise en face », Mariette se rendit compte que les deux petites secondes de contact bouche-pantalon avaient amplement suffi pour provoquer une réaction spontanée. Comme dans les dessins animés quand une bosse pousse tout de suite après un coup de marteau.
   Le serveur se replaça dans l’exacte position qu’il venait de quitter. Debout, bien droit, juste devant la bouche. « La femme assise en face » le tourna un peu sur le côté afin que Mariette puisse jouir pleinement du spectacle. Elle zippa la fermeture-éclair et fit tomber par terre le pantalon. D’un geste sûr, elle tira sur le bord supérieur du slip pour dégager le pénis en parfaite érection. Elle replaça l’élastique juste en dessous des deux petits ballons qui firent aussitôt un bond vers le haut. Comme un Wonderbra sait si bien le faire avec les seins, dans un but identique de les mettre en valeur. « La femme assise en face » adoptait la tactique du Wondercouilles.
   « La femme assise en face » reposa ses deux mains sur les fesses du serveur et commença à les pétrir farouchement tandis que de l’autre côté elle engloutissait le sexe dressé. Elle s’y prenait avec une ardeur qui laissait craindre à Mariette que la scène ne puisse guère se prolonger. Entre deux séances de violents aller retour, la « femme assise en face » s’arrêtait soudain et entamait alors un périlleux exercice. Mariette était en admiration devant sa technique qui avait dû nécessiter de nombreux entraînements. Cela consistait à engloutir non seulement le sexe de l’homme dans son entier mais également les deux testicules. Une fois bouche et gorge pleines, « la femme assise en face » restait immobile quelques secondes puis se retirait très lentement, en aspirant, jusqu’à se dégager complètement. Puis elle recommençait aussitôt à masturber brutalement l’homme, tantôt avec sa bouche, tantôt d’une main vigoureuse. La tête rejetée en arrière, le serveur avait le visage cramoisi. Sans prévenir, « la femme assise en face » stoppa net. Elle se leva et regarda Mariette.
   Les moules de Mariette avaient complètement refroidi... Mais la sienne était à la bonne température. Tout en contemplant les deux amants, Mariette s’était activée avec sa main gauche. Elle s’était prise d’une frénésie inhabituelle, se laissant influencer par ce qu’elle voyait. Mariette s’était elle aussi déplacée sur le côté de la table, pour avoir une plus grande liberté de mouvement. « Alors, qui avait raison ? » murmura la « Chose ».
   - « Toi ! », lui répondit Mariette.
   « La femme debout en face » crut que Mariette s’adressait à elle.
   - « Pas d’impatience, j’arrive... », lui lança-t-elle avant de parler à son homme.
   - « Toi, tu restes là et tu continues sans moi. Tu as intérêt à faire tout ce qu’il faut pour ne pas débander parce que j’aurai encore besoin de tes services ! »
   Docile, le serveur empoigna son sexe. Sans doute conscient qu’il ne pourrait maintenir longtemps le rythme qu’il venait de subir, il entama de lentes mais efficaces montées-descentes.
   « La femme debout en face » se plaça devant Mariette, exactement comme le serveur l’avait fait avec elle, peu de temps auparavant. Sans quitter Mariette des yeux, elle releva sa robe, dévoilant tour à tour des bas noirs, un porte-jarretelles et une petite culotte de dentelle noire. Un doute frappa Mariette qui écarquilla les yeux quand « la femme debout en face » posa carrément son sexe sur le nez de Mariette. « La femme debout en face » n’en était pas vraiment une et Mariette avait maintenant contre son visage la preuve formelle du seul détail qui change tout, du tout au tout.
   « La femme-homme debout en face » souriait.
   - « Déçue, ma belle ? »
   - « Faut voir... », répondit Mariette.
   Elle se dégagea pour prendre son sac.
   - « Tu renonces ? » lui lança « la femme-homme debout en face », comme pour la défier.
   - « Pas du tout, j’ai juste besoin de ça... » répliqua Mariette en sortant son deuxième préservatif de la journée. Elle allait devoir trouver des provisions parce qu’elle doutait que son stock tienne le coup jusqu’à l’aube. Celui qu’elle tenait délicatement entre le pouce et l’index était parfumé à la fraise. Elle n’en avait pas aux « fruits de mer » mais elle n’avait pas très faim et ne voyait aucun inconvénient à passer directement au dessert.
   - « T’y tiens vraiment, ma belle ? »
   - « Indispensable, mon mignon. »
   Mariette dégagea adroitement le préservatif. Elle le posa sur la table, prêt à l’emploi et s’occupa de la petite culotte de « la femme-homme debout en face », de la même manière qu’elle avait vue faire. C’était rigolo de coincer ainsi les deux testicules pour les avoir à portée de bouche.
   Le pénis de « la femme-homme debout en face » était au repos complet. Mariette n’avait encore jamais rencontré de travesti dans cette tenue extrême mais elle savait que, côté érection, il fallait vraiment y mettre du sien pour arriver à un bon résultat. Elle avait lu un truc où il était question d’hormones et les deux seins parfaits de « la femme-homme debout en face » démontraient qu’elle-il n’était pas arrivé(e) à ses fins d’une simple potion magique à base d’eau bénite.
   « Au boulot ! », commenta intérieurement la « Chose ».
   Mariette prit donc les choses en main et commença à faire rouler le pénis entre ses deux paumes, tout en soufflant dessus, comme les hommes primitifs allumaient un feu avec une baguette de bois sec. Il n’y eut pas d’étincelle mais la réaction ne tarda pas à se produire. Le sexe fut bientôt assez rigide pour accepter son enveloppe de latex. Aussitôt incarcéré, le pénis fut dirigé vers une seconde prison. Le genre de cachot sombre et humide qui lui convenait parfaitement.
   Mariette s’amusait beaucoup à sucer cette petite friandise qui s’apparentait plus à du caramel mou (à la fraise !) qu’à un solide sucre d’orge. Pourtant, si l’érection n’était pas optimum, le plaisir qui en découlait était apparemment réel pour « la femme-homme debout en face ». Elle-il avait fermé les yeux et laissait passer entre ses lèvres des gémissements qui n’avaient rien de simulé.
   « La femme-homme debout en face » rouvrit les paupières et tourna la tête pour lancer un ordre.
   - « Viens ici. Tu sais ce que tu as à faire. Ne me déçois pas ou tu le regretteras ! »
   Puis, s’adressant à Mariette, elle lui dit en conservant cette voix autoritaire, mi-mâle, mi-femelle :
   - « Toi, n’arrête surtout pas ! »
   Le serveur, tout en continuant nonchalamment à se branler, s’approcha des deux femmes. Il s’installa derrière « la femme-homme debout en face » et lui arracha carrément la petite culotte. Ce qui eut pour effet immédiat d’enfoncer le « chewing-gum » (à la fraise) presque au fond de la gorge de Mariette qui eut un hoquet désapprobateur. « La femme-homme debout en face » mit sa main droite en arrière et se saisit du sexe-objet du serveur. Sans hésitation, elle le guida vers son but et accompagna la pénétration d’un râle de vrai mâle en rut.
Mariette était un peu dépassée par les événements. Arriver à maintenir dans sa bouche le pénis de « la femme-homme debout en face » n’était pas chose facile. A chaque coup de boutoir du serveur (et il n’y allait pas de main morte !), soit le petit prisonnier menaçait de s’enfuir, soit il se réfugiait au plus profond de la gorge de sa geôlière.
   Sans aucun doute possible, le traitement du serveur était bien plus efficace que celui de Mariette et le membre inactif de « la femme-homme debout en face » devenait de plus en plus entreprenant. Jusqu’à prendre des proportions tout à fait raisonnables. Ce qui était maintenant bien plus pratique pour que Mariette contrôle la situation.
   Elle aurait bien aimé profiter de ce nouvel état des choses pour participer au mouvement et, par exemple, jouer au petit train dans le rôle de la locomotive. Mais le travesti lui avait dit de ne pas arrêter d’un ton sans appel. Elle craignait que les préparatifs pour se faire elle aussi enfiler tournent à la déroute.
   Alors, comme elle l’avait vu faire (ce qui semblait effectivement correspondre aux moeurs de ce sympathique couple), Mariette entama une série de hochements de tête d’avant en arrière, de plus en plus rapides. Sans s’arrêter... Elle n’osait pas se lancer dans l’intermède « glace à deux boules », estimant qu’elle ne possédait pas l’expérience requise pour ce genre de figure.
   « La femme-homme debout en face » se malaxait copieusement les deux seins et paraissait parfaitement à son aise.
   - « Viens ! », hurla-t-elle-il soudain. Le serveur accéléra encore. Mariette se disait que, question rythme, il n’y avait maintenant plus guère de différence avec celui d’un marteau-piqueur. Debout sur la pointe des pieds, le serveur s’immobilisa en poussant un tout petit cri, nettement disproportionné avec ce qu’il venait certainement de ressentir. Au même instant, Mariette sentit dans sa bouche le sexe de « la femme-homme debout en face » se raidir puis s’agiter de trois ou quatre soubresauts qu’elle connaissait bien.
Un peu frustrée par ce double plaisir simultané auquel elle avait certes participé mais pas assez à son goût, Mariette expulsa le sexe de sa bouche comme on crache un vieux chewing-gum (à la fraise). Elle ramassa son sac et sortit en courant du restaurant sous l’oeil intrigué de la noce. Sur la table centrale, une mariée relevait en cadence le revers de sa jupe et on voyait déjà un petit morceau du porte-jarretelles.
   - « Attention aux surprises ! », lança Mariette en direction du marié.
   Mariette avait laissé dans l’alcôve ces messieurs-dames se débrouiller derrière leur rideau. Pour l’addition, elle supposait que le serveur avait été amplement payé en nature. Quant au pourboire, il n’avait qu’à se servir directement à la source qui devait pendre désormais lamentablement au bout du petit bout.
   Une fois dans la rue, Mariette entendit sa « Chose » lui murmurer : « Alors, ma belle, ça t’a plu ? », imitant à la perfection la voix de « la femme-homme derrière le rideau ». « Dans la tête, oui. Et tu es bien placée pour le savoir, Madame ma « Chose ». Mais j’aurais aimé avoir une part plus active, si tu vois ce que je veux dire... » « Ne t’impatiente pas, ma belle, la nuit est à nous deux », répondit la « Chose », en conservant la voix de « la femme-homme qui n’était déjà plus qu’un souvenir ».


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Mardi 15 août 2 15 /08 /Août 00:05
- Publié dans : Roman : "La Chose" - Voir les 0 commentaires
Chapitre 8


   D’un simple coup de fil, Mariette régla la formalité familiale. Ce n’étaient pas les excuses qui manquaient. Mariette n’abusait pas des sorties nocturnes. Cette fois-ci, ce serait « soirée ciné puis dodo chez une copine après resto ».
   La journée de boulot n’en finissait pas de finir. Mariette avait l’oeil rivé sur le chiffre 7 libérateur de sa pendule. Jusqu’à présent, seule la grande aiguille était parfois au rendez-vous (une fois par heure, environ).
   La « Chose » était toujours là. Tapie dans son coin. Elle ne « parlait » plus mais restait à l’écoute. Un demi-sommeil sans doute nécessaire pour se recharger, supposait Mariette. Pour digérer tranquillement les événements de la matinée. Le travail de Mariette n’était guère palpitant cet après-midi là. Elle préférait bosser la nuit. C’était beaucoup plus grisant, quand les chats sont loin d’être tous gris.
   Le téléphone restait muet. Le patron envisageait fortement de « spécialiser » ses cabines, ne laissant que le Minitel aux unes et attachant les services des voix les plus « chaudes » aux seuls téléphones. En la matière, la demande était d’ailleurs nettement en baisse depuis qu’une floraison quasi anarchique de numéros s’épanouissait sur le marché. Pour le Minitel, le temps avait déjà fait son oeuvre et seuls les serveurs les plus solides, dont celui où bossait Mariette, avaient conservé le haut du pavé.
   Comme pour démentir les réflexions de Mariette, le téléphone sonna. Elle le décrocha et s’installa confortablement dans son fauteuil. Laissant mariner dans leur jus trois gogos qu’elle contrôlait sur le Minitel. Pour ce genre de situation, elle avait des touches pré-programmées qui lui permettaient de simuler une conversation de base (à base presque exclusivement de questions croustillantes) afin de tenir en haleine fraîche son correspondant.
Quand le téléphone sonnait dans la cabine de Mariette, le pigeon avait déjà roucoulé dans le serveur vocal. Ce dernier avait scrupuleusement enregistré le numéro de sa carte bancaire. Il se chargeait également de débiter son compte à la mesure de ses envies et du temps qui passe.
   - « Salut salope ! »
   Ça commençait bien...
   - « Bonjour mon mignon. A ton service. »
   - « Est-ce que tu es capable de me faire jouir au téléphone ? »
   - « J’aurais peut-être un tout petit peu besoin de ton aide, mon chéri. Ce sera avec le plus grand plaisir. »
   - « Vas-y ! »
   Un pressé ! Mariette savait quel genre de pincettes elle devait employer pour « pomper » le plus longtemps possible (puisque c’était bien là le véritable but de la manoeuvre) le compte en banque de son interlocuteur.
   - « J’ai d’abord besoin de te mettre en condition. Tu veux que je te raconte ce que j’ai fait hier soir ? »
   - « C’était cochon ? »
   - « Evidemment ! Je suis sûre que ça te plaira. »
   - « Je préfère que tu me racontes ce que tu me feras ce soir quand je viendrai te sauter pour de vrai ! Donne-moi d’abord ton adresse. »
   - « Désolée, ça ne marche pas comme ça. C’est toi qui va me donner ton adresse et c’est moi qui viendrai te rendre une petite visite coquine. Mais avant, il faut savoir si je te plais.    Alors, écoute bien ce que je vais faire de toi dès que je t’aurai entre mes mains. Et, crois-moi, tu es entre de bonnes mains. »
   - « Ça marche ! »
   Evidemment. Ça marche toujours...
   - « Je veux que tu m’attendes allongé sur ton lit, habillé, les yeux fermés. Tu n’auras pas fermé à clef la porte d’entrée et j’arriverai à 8 heures pile. Toutes les lumières de l’appartement seront éteintes, sauf dans ta chambre pour que je la trouve facilement. Je m’approcherai de toi mais tu garderas les yeux fermés. Je commencerai par t’enlever tes chaussures, puis tes chaussettes. Ensuite, je poserai ma main, juste à la limite entre les deux jambes de ton pantalon, pour soupeser la marchandise. J’espère que tu as ce qu’il faut, là où il faut... »
   - « No problemo. J’ai tout comme il faut. Continue ! »
   - « Tant mieux, parce que j’adore quand une grosse queue me dit bonjour en levant bien haut la tête. Ensuite, je me pencherai sur toi. J’ouvrirai le bouton de ton pantalon et je descendrai ta braguette et je ferai glisser ton pantalon par terre. Après, finies les mains. Je ne me servirai plus que de ma bouche. Avec les dents, je dégagerai tout doucement ton slip pour laisser sortir ton bel engin déjà tout excité et qui ne demandera qu’à jaillir de sa prison. Avec ma joue, je le caresserai deux ou trois fois, laissant glisser ma langue sur le côté, tout le long, pour finir de le mettre en forme. La langue bien rigide, je taquinerai ensuite chaque centimètre de ton membre avec quelques petits arrêts pour suçoter tes deux jolies couilles bien fermes. Dès que tu me diras « Viens ! », je remonterai lentement pour déposer mes lèvres sur le gland tout gonflé qui n’attend que ça. En pesant doucement dessus, je laisserai ton sexe s’introduire dans ma bouche le plus loin possible jusqu’à le faire disparaître au plus profond de ma gorge. Ensuite, très lentement, je le laisserai remonter à la surface et ne conserverai que les deux derniers centimètres dans ma bouche pour jouer dessus avec ma langue tout en gardant ton engin bien au chaud. Après, je recommencerai. Mais seulement jusqu’à la moitié de sa taille et aussitôt je le remonterai en serrant les joues pour l’aspirer tout en relevant la tête. Et je recommencerai. Et je recommencerai encore. De plus en plus vite. En aspirant de plus en plus fort. Attention ! Pas question que tu t’abandonnes. Je veux que tu te contrôles parce qu’un si gros et si joli cadeau ne doit pas se briser en si bon chemin. Je veux ensuite te sentir en moi. Après t’avoir sucé, tu pourras ouvrir les yeux. Tu resteras allongé et moi je commencerai à me déshabiller. J’aurai une robe légère qui tombera la première par terre. Tu découvriras alors mon porte-jarretelles et mes bas noirs. Tandis que tu garderas tes yeux fixés sur ma petite culotte délicatement transparente, je lèverai mon pull et resterai ainsi quelques secondes pour que tu ne voies plus que ma chatte prisonnière qui n’en peut plus de t’attendre. Après le pull, le tee-shirt. Je m’assoirai alors sur le lit pour que tu me dégrafes le soutien-gorge et je me lèverai pour le laisser tomber tout seul par terre. Mes deux seins bien fermes seront gorgés de plaisir... »
   Ça, il n’y a vraiment que les hommes pour gober ce genre de truc, mais il n’y en avait pas un qui lui avait fait la remarque pendant son numéro vocal...
   « ... Ensuite, je me pencherai pour enlever ma culotte et je m’accroupirai par terre, les jambes ouvertes, face à toi, pour que tu me regardes bien pendant que je me masturberai. Je me remettrai debout et ma bouche reviendra se coller sur ton sexe pour lui dire de très près combien il me tarde de lui rendre visite. Je prendrai ton sexe entre mes deux mains et je m’assoirai à califourchon sur toi, d’un seul coup pour te faire entrer en moi... »
Dans la réalité, Mariette n’aurait jamais permis à un homme  de lui « rendre hommage » sans avoir auparavant effectué le rituel (enfiler son petit capuchon de latex protecteur). Mais au téléphone, le risque d’attraper quoi que ce soit (à part quelques insultes dont on guérit vite) était inexistant et le genre de type à qui elle s’adressait n’aurait guère apprécié de voir son attention détournée du vif du sujet.
   « ... Après, tu commenceras à me donner de grands coups de reins pour me fouiller le ventre le plus loin que tu peux avec ta grosse queue. Tu vas me faire hurler de plaisir et crois-moi je te le rendrai bien parce que je sais comment il faut faire pour me servir de mon sexe comme d’une bouche docile qui t’aspirera jusqu’à ton dernier souffle. Quand je sentirai le moment approcher, je me relèverai pour te prendre dans ma bouche et laisser ensuite couler ton sperme sur mon visage... »
   Là, le type n’avait aucune chance pour que Mariette lui prodigue ce genre de gâterie. Elle n’avait rien contre le fait d’engloutir un homme entre ses lèvres puis de le laisser exploser dans sa bouche, mais elle préférait, et de loin, l’accueillir dans son propre sexe, au moment même où elle sentait l’orgasme se déclencher dans sa tête. En revanche, laisser le sperme dégouliner sur son visage pour le seul esthétisme (douteux) d’une scène porno, c’était trop lui demander.
   « ... Mais je n’en aurai pas pour autant fini avec toi, joli monsieur. Parce que je suis une goulue. Je remettrai aussitôt ton sexe dans ma bouche pour le conserver au chaud pour qu’il se repose un peu. Pendant ce temps, je taquinerai tes couilles en les faisant rouler l’une contre l’autre. Quand je sentirai le désir remonter en toi et reprendre la forme qui m’intéresse, je recommencerai à te sucer bien à fond jusqu’à ce que tu bandes à ton maximum. Pour qu’il n’y ait pas d’interruption, je te branlerai un peu pendant que je m’installerai à quatre pattes au-dessus de toi. Tu auras juste en face de tes yeux ma belle chatte impatiente et, tout à côté, mon petit trou secret que je réserve à des invités de marque comme toi. Là, je te laisserai le choix parce que j’aime autant être empalée d’un côté que de l’autre. Tout ce que je te demande, c’est de te relever et de me prendre vite, comme une chienne en chaleur. Brutalement, pour me faire de nouveau crier de plaisir. Pendant que tu me laboureras le cul avec ta grosse queue, tu te pencheras sur mon dos pour saisir à pleines mains mes deux seins que tu malaxeras. Je veux que tu accélères à fond, que ton piston me déchire les entrailles et... »
   - « Tuu... ut, Tuu... ut, Tu... ut... »
   Encore un évacuateur précoce. Enfin, ce n’était pas si mal. Il avait quand même bien tenu le coup.
   Ce genre de conversation à sens unique amusait beaucoup plus Mariette que cela l’excitait. C’était un peu son défouloir parce que généralement les scènes qu’elle décrivait en détail tenaient davantage du lyrisme pornographique que de ses propres fantasmes. Après tout, ce n’était pas tant pour elle que pour son interlocuteur, qu’elle devait trouver les mots qui touchent.
   Le plus gros problème pour Mariette était le vocabulaire. Elle devait à la fois faire cru et être crue. Elle avait bien conscience qu’après deux « Membres », trois « Engins », quatre « Queues » et quelques « Sexes » (bien pratique puisque le terme s’applique à la fois à celui de la femme, celui de l’homme et à la situation en général), elle était un peu à court. Mais la rhétorique du téléphone rose conduit rarement jusqu’à l’habit vert et pourvu qu’elle ajoute « Grosse » à « Queue », Mariette s’était vite rendue compte qu’elle pouvait ensuite employer le mot autant de fois qu’elle le voulait dans la conversation, sans jamais lasser son auditoire exclusivement masculin.
   Autre curiosité de ces conversations, Mariette était relativement à l’aise pour quelques virées dans le « hard crade » (il y avait pour cela bien plus de demandes qu’elle le pensait à l’origine), alors que dans la réalité, elle ne se sentait pas du tout capable, par exemple,  de « pondre un oeuf » (pour de vrai !), de se faire « défoncer le cul en s’enfilant un poing entier à l’intérieur », de « pisser dans la bouche de son amant tandis qu’il  la lapait »... Autant de situations qu’elle racontait parfois au téléphone avec les mêmes accents de vérité que si elle les avait vraiment vécues.
   En revanche, il était hors de question pour Mariette de laisser sa voix guider un tordu, même anonyme, pour qu’il se masturbe sur une scène (virtuelle) de viol, de zoophilie ou de pédophilie. A chacun ses principes. Elle estimait que le sexe possédait assez d’ouvertures (elle était bien placée pour le savoir) pour stimuler n’importe quelle imagination saine d’esprit.
Maintenant, il ne restait plus qu’à prendre ses mâles en patience jusqu’à la fin de sa journée de travail.


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Lundi 14 août 1 14 /08 /Août 00:01
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Chapitre 7


   De retour dans sa cellule ouatée, Mariette se brancha sur ses deux Minitels (le troisième était en panne depuis deux jours). « ULLA » à gauche et « COQUINA » à droite. C’est fou ce qu’un simple « petit A » pouvait développer l’imagination des hommes.
   Sur les deux écrans jumeaux, la liste des utilisateurs était restreinte. Elle reconnut au premier coup d’oeil les pseudos de ses collègues de travail, comme autant d’araignées au centre de leur toile, prêtes à fondre sur la première proie qui se présenterait. Elles étaient d’ailleurs en train de « dévorer » goulûment un « SALUT », un « VIENCHEZMOIJAIDEJA UNE COPINE », et un « QUOIDENEUFDOCTEUR » qui ne devaient pas en mener large dans leur slip.
   Chaque fille avait son propre logo d’accroche (concocté par le fils du patron qui était un fana d’informatique). C’était sa parade nuptiale téléphonique qui distinguait la « pro » de la simple passagère. Petits coeurs, lettres soulignées, flèches, tout était bon pour transformer un prénom en affiche publicitaire. Les clients réguliers s’initiaient souvent à cet art de transformer les touches du clavier de leur Minitel en figures géométriques qui, unies l’une à l’autre, illustraient leurs fantasmes. Les moins doués pouvaient s’adresser à leur hôtesse qui leur délivrait le lendemain une jolie signature personnalisée.
   Sur son écran, Mariette aperçut une fleur solitaire, une petite « ROSE PARFUMEE », toute dénuée d’épines électroniques. Elle venait juste d’arriver et visiblement les mâles en piste ne lui tournaient pas encore autour. Sans doute n’avaient-ils pas encore épuisé l’ardeur de leurs partenaires pour aller respirer son parfum.
   « Toc Toc, je peux entrer dans ton petit salon? », s’inscrivit sur la ligne de message de « COQUINA », signé « ROSE PARFUMEE ».
   Les « salons » étaient des lieux « clos » où deux, trois, voire dix interlocuteurs (mais là, c’était le véritable bordel) pouvaient se retrouver à l’abri des « oreilles » indiscrètes. En fait, il y avait plusieurs niveaux d’isolation. Le salon « classique » était plutôt une antichambre où certains « SYSOPS » (Système opérateurs) pouvaient aisément pointer le bout de leur nez sans laisser entrevoir leur moustache. Ce que les filles appelaient le « petit salon » était un véritable coffre-fort où seules les opératrices pouvaient sélectionner leurs « invité(e)s » en l’absence de tout intrus, visible ou non.
   Cette connaissance discrète des lieux indiscrets intriguait Mariette qui répondit aussitôt, un peu méfiante. Ce n’était pas le genre de la maison de faire de l’espionnage industrieux pour surveiller le travail des filles. Mais on ne sait jamais...
   « Désolée, aujourd’hui ma chambre est ouverte à tous... »
   « Dommage, ma petite chatte en ronronnait d’avance, après avoir pris goût à la tienne... »
Arianne !
   « OK, je t’emmène », écrivit Mariette qui, d’une combinaison de touches, bascula instantanément « ROSE PARFUMEE » dans son petit salon intime.
   Dans son écrin secret, Mariette n’avait guère l’habitude de papoter avec les clients. Ni les clientes. D’ailleurs, son patron n’encourageait guère ce genre de rencontres, trop intimes et pas assez commerciales. On n’était pas là pour s’amuser ! Pas question de s’approprier un seul client tandis que d’autres faisaient la queue...
   « Ça te dit un rdv ce soir ? »
   « Avec toi ? », répondit Mariette.
   « Pas seulement. C’est une sorte de club de rencontres que je connais bien. Nous organisons des soirées à thème. Si tu veux, tu peux être mon invitée. »
   « Et c’est quoi le thème ? »
   « Surprise ! Ce sera plus amusant si tu le découvres sur place. C’est OK ? »
   Mariette avait jusque là répondu du tac au tac. Maintenant, pour donner son accord, elle avait besoin de réfléchir. D’un côté, il fallait trouver une excuse pour découcher (façon de parler...) de la maison familiale. Mais ça, c’était un détail. Du même côté de la balance, elle devait également faire peser sa forme. Elle avait dépassé largement sa dose d’exercices de travaux manuels depuis son réveil. La séance (du moins la partie active) chez Arianne avait été particulièrement éprouvante du point de vue physique... Pas étonnant qu’ils s’endorment ensuite!
   Pour faire l’équilibre, la « Chose » ne manquait pas non plus d’arguments. Dans sa tête des petites phrases du genre « ça serait pourtant une expérience intéressante » étaient doucement suggestives en faveur d’une réponse favorable. « Et puis tu auras tout le reste de la nuit pour te reposer. Je te promets d’être sage ensuite ». Là, Mariette imaginait très bien sa « Chose » en train de croiser les doigts derrière son dos, ou du moins son interprétation mentale.
   « Alors ? »
   Arianne s’impatientait.
   « OK. Je fais comment pour te rejoindre ? »
   « Quand tu partiras ce soir, tu trouveras l’invitation dans ton casier. Tout est écrit dessus. Tu verras, tu ne le regretteras pas... Et moi non plus ! »
   Ainsi soit-il.


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Dimanche 13 août 7 13 /08 /Août 23:58
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