Chapitre 3


   D’habitude, après ce genre de réveil « amélioré », la « Chose », sans doute repue, entrait dans un long sommeil, laissant seulement passer quelques ondes agréablement sensuelles, comme un parfum lancinant qui aurait du mal à se dissiper. Mais ce matin là, à peine Mariette avait-elle posé le pied en dehors de son lit, que la petite voix intérieure se manifesta de nouveau, dictant ses ordres sous forme de conseils avisés auxquels on ne peut résister.
En prenant ses affaires pour se rendre à la salle de bain, Mariette souleva donc machinalement la pile de tee-shirts dans son armoire pour saisir un objet qu’elle glissa au milieu de ses vêtements. Sans vraiment en prendre conscience, elle ferma ensuite à clef la porte de la pièce carrelée déjà envahie par la buée d’autres nettoyés matinaux.
   Sous la douche brûlante, Mariette sentait tous ses muscles se détendre, même les plus intimes. En revanche, la pointe dressée de ses seins refusait obstinément de rentrer dans le rang. La « Chose » était toute proche et Mariette avait déjà fermé les yeux pour mieux l’amadouer. Ouvrant légèrement la porte vitrée de la cabine de douche, elle saisit à tâtons la boule de ses vêtements propres et fouilla à l’intérieur pour trouver l’objet qu’elle y avait dissimulé.
   Depuis qu’elle travaillait au Minitel rose, Mariette recevait à son domicile, sous pli discret (comme le précisent bien les publicités), toute une série de catalogues affriolants. Elle n’en avait jamais fait la demande mais peut-être s’agissait-il simplement d’un « avantage social » écrit en tout petit en bas de son contrat. C’est en feuilletant ces pages aux beaux jeunes hommes et aux jeunes filles effeuillées que Mariette avait été séduite par l’objet qu’elle tenait maintenant serré dans sa main gauche.
   Dans le catalogue, il était décrit comme « la reproduction exacte par moulage en pleine forme du sexe de Johnny Profundo ». Le Johnny Profundo en question était l’idole rock de Mariette. Il tournait aussi parfois dans des films. A chaque scène, Mariette quittait des yeux ceux de son acteur fétiche pour descendre le regard en dessous de la ceinture... Dans le but de vérifier si son objet était bien l’exacte reproduction. Pourtant, même en ayant loué et reloué les cassettes pour se les passer au ralenti, elle n’était pas encore sûre de ne pas s’être fait gruger. Qu’importe, l’objet avait prouvé maintes et maintes fois son efficacité et il suffisait à Mariette de fermer les yeux pour sentir réellement son Johnny en elle.
   Le sexe était de couleur chair et avait une élasticité agréable au toucher. Il lui manquait toutefois cette texture de peau de bébé que curieusement les hommes conservent en ce seul endroit de leur personnalité. Cette douceur qui séduisait tant Mariette quand elle prenait un sexe entre ses doigts puis le portait à la bouche, simplement pour se caresser les lèvres avec. En revanche, jamais elle n’aurait porté son Johnny à la bouche. Elle avait mieux à faire avec.
Après avoir préparé le terrain (cette fois-ci, la main droite fit parfaitement l’affaire... Il n’y a pas que pour l’écriture que l’on peut être ambidextre), Mariette s’accroupit dans la cabine de douche, pour ne pas risquer de tomber. De sa main gauche, elle inclina le sexe en latex et le laissa embrasser son propre sexe. Très lentement, elle redressa l’objet en le faisant remonter dans son fort intérieur. Entièrement. Ne laissant dépasser que la base évasée tenue du bout des doigts.
   Le modèle choisi par Mariette était proposé en trois tailles. La « petite », la « normale » et la « hard » (évidemment la plus chère). Ne goûtant guère le sexe-performance, elle avait opté pour la « petite », plus maniable et nettement plus raisonnable au vu des utilisations qu’elle comptait en faire. Mariette supposait que la version « hard », avec ses trente-cinq centimètres, était purement décorative (effet garanti) car elle ne voyait pas très bien l’intérêt de se chatouiller les amygdales en se faisant l’amour. La « petite » semblait à Mariette bien plus proche de la réalité et ses quatorze centimètres étaient confortables à souhait. Quant à la « moyenne », dotée de vingt-deux centimètres, ils pouvaient se la mettre où elle pensait. S’ils y arrivaient !
Quatorze centimètres de plaisir convenaient parfaitement à Mariette. D’autant plus que le moment le plus agréable lui semblait, sans conteste, l’instant où elle retirait l’objet de son sexe pour le réintroduire aussitôt, provoquant une contraction dans tout le bas de son ventre.
   Dix minutes et quelques centaines de litres d’eau chaude plus tard, Mariette ruisselait de plaisir mais l’orgasme espéré se faisait attendre. Comme si la « Chose » cherchait autre chose.
   Mariette enleva l’objet de son sexe dans un mouvement si lent qu’elle put sentir chaque seconde se transformer en heure délicieuse. Arrivé à la sortie, le (supposé) membre de Johnny ne se retira pas complètement. Mais inexorablement s’appuya vers le bas, sous la poussée de la main gauche. Il cherchait sa voie et ne tarda pas à la trouver. Sans transition, il remonta, toujours imperceptiblement et força le passage qui ne demandait qu’à s’ouvrir. Mariette poussa légèrement afin de le laisser entrer en elle d’un mouvement inverse. Quatorze centimètres dans ses entrailles, tandis que l’étroit portail était secoué de convulsions, non pour chasser le locataire mais pour mieux dresser un état des lieux. Après trois aller-retour en douceur, Mariette accéléra le rythme tandis que sa respiration faisait de même. La « Chose » était aux anges et Mariette ne tarda pas à la rejoindre avant de s’écrouler sous la douche, anéantie par une série d’orgasmes brefs et violents.
Johnny était toujours en forme, abandonné au fond du bac, tandis que Mariette, maintenant assise, les jambes tendues, savourait quelques ondes retardataires qui troublaient encore la surface de son esprit. « Debout ! » Dit la « Chose ». Et Mariette se releva, éteignit en premier l’eau chaude pour laisser un rideau de glace lui redonner quelques forces et coupa l’eau. Il était temps d’aller au travail.

chapitre 4
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Mercredi 9 août 3 09 /08 /Août 22:35
- Publié dans : Roman : "La Chose" - Voir les 0 commentaires
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