Chapitre 6

   L’heure de la pause de 13 heures approchait. Ce n’était pas tant la faim qui tenaillait le ventre de Mariette, qu’une boule chaude témoignant d’un tout autre genre d’appétit. Ce matin là, le Minitel était resté muet. Toutefois, trois coups de fil particulièrement salés (la note aussi, pour les clients), lui avaient mis l’eau à la bouche (et ailleurs). Depuis l’épisode du bus, la « Chose » n’avait pas fermé l’oeil. Toujours là. Douce et ronronnante comme une chatte au coin du feu.
   Mariette n’avait guère de contacts, hormis professionnels, avec ses collègues de « bureau ». Une bise quand elle les croisait le matin (pour les « anciennes »), un café papoteur pendant les pauses et ça s’arrêtait là. Pourtant, en arrivant le matin, le regard de Mariette s’était longuement attardé sur une croupe qui dépassait de l’entrebâillement d’une porte. Cette paire bien moulée dans l’étroite jupe d’un petit tailleur noir appartenait à Arianne (avec deux « N », avait-elle bien précisé le jour de son embauche). Arianne c’était un peu la Perrette de la fable. Toujours légère, courte vêtue et pleins de rêves de conquêtes dans la tête. Pourtant, elle n’avait rien d’une cruche. Si ce n’est peut-être la forme au niveau du bassin et de la poitrine mais là, ce serait plutôt un compliment...
   A 13 heures pile, Mariette prit son sac et ouvrit la porte de son bureau-cabine. Arianne venait juste de faire de même.
  - « Tu manges où ? », l’interrogea la belle potiche qui possédait en plus, ce jour là, un décolleté largement évasé.
  - « Je ne sais pas. Peut-être au fast food. »
  - « Si tu veux, viens chez moi. Hier j’avais des invités et il reste assez de bouffe pour nous deux. Tu devrais te régaler. »
   « Tu ne comptes pas si bien dire », souffla la « Chose » à si haute voix dans l’oreille de Mariette, qu’elle entendit ces mots sortir de sa bouche. Un simple murmure. Mais la « Chose », pour la première fois, avait réussi à franchir l’obstacle de la parole sans demander son avis à la propriétaire du corps.
   Arianne n’avait semble-t-il rien entendu ou ne le releva pas.
  - « OK, on y va. C’est loin chez toi ? »
  - « A deux pas. On aura même le temps de prendre ensuite le café. »
   « Seulement le café ? » Cette fois, Mariette avait serré très fort les lèvres et les mots se heurtèrent dans sa bouche. C’était juste.
   L’appartement d’Arianne était minuscule. A l’époque ou le « deux en un » était à son apogée (et pas seulement en matière de sexe), son chez-elle en était la parfaite illustration. Il dépassait même la mesure avec un concentré de cuisine-salle-de-bain-salon-chambre. Il ne restait qu’un petit coin pour le « petit coin », dissimulé dans un (petit) coin, derrière la seule porte intérieure, exceptée celle de sortie (et à peu près une fois sur deux, également celle d’entrée).
  - « C’est une daube dont tu me diras des nouvelles, expliqua Arianne en sortant un fait-tout du frigo. Elle le déposa sur la cuisinière. C’est encore meilleur si je le fais mijoter un peu. Ça ne t’ennuie pas si je prends un bain en attendant ? Je n’en ai pas pour longtemps. Pour patienter, tu n’as qu’à te servir un verre, là, dans le buffet. »
Arianne joignit aussitôt le geste à la parole en ouvrant les robinets de la baignoire et en chassant l’une après l’autre ses chaussures d’un coup de talon. D’un simple zip, le tailleur ne tarda pas à descendre le long de ses chevilles, bientôt rejoint par une boule formée du haut du tailleur et du chemisier.
   Mariette avait la main dans le buffet à la recherche d’un verre mais elle n’arrivait pas à détourner les yeux du spectacle qui s’offrait à moins de trois mètres d’elle. Jusqu’à aujourd’hui, le seul corps féminin qui lui faisait de l’effet était le sien. A son grand étonnement (mais en la matière, sa « Chose » avait fait preuve d’une grande ouverture d’esprit depuis le matin) celui d’Arianne ne la laissait pas indifférente. Son hôte lui tournait le dos. Mariette n’avait pas à affronter son regard pour savourer pleinement l’intimité de ce petit strip-tease personnel. L’agrafe du soutien-gorge ne résista pas à un geste d’habituée. Mariette se délectait quand son amant épuisait ses ardeurs à faire sauter le crochet. En se penchant en avant, Arianne ôta la dernière frontière qui la séparait de la nudité. En levant la jambe gauche pour entrer dans la baignoire, Arianne, qui se tenait maintenant de trois-quarts par rapport à son invitée, dévoila un bref instant une parcelle rose bonbon à la croisée de ses jambes. Le genre de friandise que Mariette aurait bien dégusté sans plus attendre.
  - « Je  te sers quelque chose ? »
   Sans ouvrir les yeux, plongée dans les délices d’une eau fumante parfumée au monoï,  Arianne répondit :
  - « La même chose que toi ».
   La « Chose » de Mariette aimait qu’on parlât d’elle. La même « Chose » avait dit Arianne... Elle ne croyait pas si bien dire.
   Sans s’encombrer des deux verres, Mariette s’approcha de la baignoire, se plaça derrière la tête de la sirène et plongea directement ses mains dans l’eau pour recouvrir les deux seins. Arianne garda les paupières closes et ouvrit légèrement la bouche comme pour prononcer un mot. A tâtons, elle ramassa l’éponge qui dormait sur le bord de la baignoire et la tendit à Mariette. Elle la prit et se déplaça sur le côté pour s’agenouiller à son aise. Tandis qu’elle lui caressait lentement la poitrine avec l’éponge, Arianne s’était un peu redressée et avait glissé une main entre ses cuisses. Elle s’activait, laissant le soin à Mariette de s’occuper de la partie émergée de l’iceberg, qui n’avait rien de glacial.
  - « Va m’attendre sur le lit », murmura Arianne.
  - « D’abord,  juste une petite trempette. La journée a déjà été mouvementée. »
   Mariette laissa tomber l’éponge dans l’eau, puis ses vêtements par terre et entreprit, accroupie dans baignoire, une petite toilette intime qui semblait fasciner Arianne.
  - « C’est bon, j’y vais mais ne tarde pas trop à me rejoindre. »
   Mariette se releva et alla s’allonger sur le lit après s’être furtivement essuyée avec une serviette éponge. Elle ferma les yeux pour mieux savourer l’attente. Elle entendit des clapotis, le froissement d’une serviette, un tiroir qui s’ouvre puis se ferme. Quelques longues minutes de silence, puis les pas d’Arianne approchèrent du lit. Le  premier contact fut une langue chaude forçant les lèvres de Mariette à s’ouvrir puis fouillant furieusement l’intérieur de sa bouche. Le baiser se prolongeait et s’attendrissait. Après avoir mordillé tendrement les lèvres de Mariette du bout des dents, Arianne posa un petit bisou sur la bouche accueillante. La langue repartit à l’attaque en s’attardant dans le cou offert avant de descendre pour s’arrêter sur le mamelon droit. Arianne  laissa courir sa langue dressée sur le corps de Mariette, traçant une ligne bien droite, du sternum jusqu’au bas du ventre. Puis plus rien. Arianne s’installait confortablement, à genoux devant le lit pour mieux s’assurer une position stratégique.
   Glissant une main sous chaque jambe de Mariette, elle lui fit plier les genoux puis les écarta. Les mains longèrent l’intérieur des cuisses pour venir épouser le dessous des fesses. Brutalement, sans prévenir, la langue s’introduisit dans le sexe ouvert de Mariette, provoquant un coup de reins de l’intéressée qui eut pour effet d’enfoncer encore plus profondément l’objet du désir.
   Arianne jouait au chat et à la souris avec sa langue, abandonnant sa proie pour mieux y revenir après avoir contourné, suçoté le petit gardien de ces lieux secrets. Mariette gémissait. Elle se tortillant sur le lit en prenant garde toutefois à ne pas se décrocher de l’hameçon.
Arianne releva la tête, la hochant de droite à gauche pour caresser le ventre de Mariette avec ses cheveux, puis se releva. Mariette gardait les yeux fermés mais ne put s’empêcher de les ouvrir, sous l’effet de la surprise, quand elle sentit le corps d’Arianne peser sur le sien tandis qu’un sexe d’homme la pénétra.
   Arianne, avant de rejoindre son amante, avait fixé autour de sa taille une ceinture qui n’avait rien de chaste. Un véritable truc de professionnelle qui ne devait guère être facile à installer. La rapidité avec laquelle Arianne l’avait enfilée (c’était le cas de dire puisque la ceinture en question possédait deux simulacres de pénis en érection. Le premier destiné à être introduit dans l’anus de l’utilisateur-trice. Le second, dressé en avant, était bien évidemment réservé au partenaire) démontrait qu’elle devait en « user » régulièrement.
Mariette regrettait un peu d’être « distraite » par cette présence inattendue en elle. Elle aurait préféré, pour sa première expérience exclusivement féminine, jouir uniquement des charmes et des talents de sa maîtresse. Mais le regret ne fut que très passager et  visiblement Arianne savait comment s’y prendre pour corser ses rapports sans pour autant faire mâle.
Mariette ne tarda pas non plus à saisir l’avantage de la situation. Elle n’avait aucunement besoin de contrôler son cavalier pour ne pas risquer de le voir arriver à ses fins avant qu’elle aussi franchisse les sommets. Le rôle de monture est rempli d’obstacles de ce genre. Quelques secondes de précipitation, une contraction de trop. Et pfuit... Les espoirs s’envolent.
   Là, Mariette savait qu’Arianne ne pouvait pas fléchir dans ses ardeurs et elle ne se gêna pas pour se laisser chevaucher jusqu’au bout de son plaisir et crier tout son soûl quand le moment fut venu. Un dernier coup de boutoir et Arianne, en sueur, se laissa rouler sur le côté avant de commencer à retirer son harnachement.
   Une délicieuse odeur de daube avait envahi l’appartement. Mariette avait grand-faim... Arianne aussi. Elle retira la ceinture, se pencha sous le lit pour prendre des mouchoirs en papier et deux petites fioles. Elle essuya consciencieusement l’objet qu’elle enduisit d’abord d’alcool puis d’huile d’amande douce.
  - « A ton tour, ma belle ! »
   Arianne lui tendit la ceinture. Mariette ouvrit de grands yeux, en découvrant le double emploi de l’engin et ne se sentit guère capable de s’en servir.
  - « Attends, je vais t’aider. »
   Arianne lui reprit la ceinture et fit lever Mariette. Elle s’installa derrière elle. Posant sa main sur la nuque, elle la fit se pencher et doucement lui écarta les fesses pour embrasser l’intérieur à pleine bouche et masser avec sa langue humide afin de faciliter la suite des événements. Laissant la jeune femme inclinée en avant, elle prit le phallus et le glissa avec précaution, tirant bien les deux fesses vers l’extérieur pour ouvrir le passage. Mariette prit une longue inspiration et grimaça deux ou trois fois tandis qu’Arianne bouclait la ceinture par-devant.
  - « Viens ! »
   Arianne s’était étendue sur le lit, dans la même position où Mariette venait de subir ses assauts.
   S’aidant de la main gauche, Mariette guida son nouveau sexe vers son objectif. D’abord en appui tendu sur ses deux bras, elle entama quelques mouvements de reins mais son inexpérience l’obligea à s’y reprendre à plusieurs fois. Les retours en arrière un peu trop vifs avaient tendance à faire jaillir l’objet hors de sa cachette. Mariette apprenait vite et elle réussit à contrôler ses va et vient. Se mettre ainsi dans la peau d’un homme n’était pas pour lui déplaire. Même si elle trouvait ça un peu fatigant.
   Elle comprenait également l’intérêt de l’hôte qu’elle accueillait en elle. Sans lui, elle se serait vite ennuyée. Ainsi complice du plaisir de sa partenaire, elle partageait pleinement la situation. Arianne était déchaînée. Elle se tordait dans tous les sens à chaque fois que le sexe artificiel s’enfonçait jusqu’à la garde, accompagnant les mouvements avec son bassin.       A bout de force, Mariette pesait maintenant de tout son poids sur le corps d’Arianne, poitrine contre poitrine, tout en continuant à accélérer le rythme de ses pénétrations. Arianne hurla, inquiétant quelque peu Mariette qui se demandait si elle devait s’arrêter ou non. Puis Marianne se raidit soudain et se relâcha définitivement pour rester immobile, marquant la fin de l’action.
   Il était l’heure de passer à table. Et elles eurent même le temps de prendre le café avant de rejoindre le bureau.


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Samedi 12 août 6 12 /08 /Août 23:54
- Publié dans : Roman : "La Chose" - Voir les 1 commentaires
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