Chapitre 8


   D’un simple coup de fil, Mariette régla la formalité familiale. Ce n’étaient pas les excuses qui manquaient. Mariette n’abusait pas des sorties nocturnes. Cette fois-ci, ce serait « soirée ciné puis dodo chez une copine après resto ».
   La journée de boulot n’en finissait pas de finir. Mariette avait l’oeil rivé sur le chiffre 7 libérateur de sa pendule. Jusqu’à présent, seule la grande aiguille était parfois au rendez-vous (une fois par heure, environ).
   La « Chose » était toujours là. Tapie dans son coin. Elle ne « parlait » plus mais restait à l’écoute. Un demi-sommeil sans doute nécessaire pour se recharger, supposait Mariette. Pour digérer tranquillement les événements de la matinée. Le travail de Mariette n’était guère palpitant cet après-midi là. Elle préférait bosser la nuit. C’était beaucoup plus grisant, quand les chats sont loin d’être tous gris.
   Le téléphone restait muet. Le patron envisageait fortement de « spécialiser » ses cabines, ne laissant que le Minitel aux unes et attachant les services des voix les plus « chaudes » aux seuls téléphones. En la matière, la demande était d’ailleurs nettement en baisse depuis qu’une floraison quasi anarchique de numéros s’épanouissait sur le marché. Pour le Minitel, le temps avait déjà fait son oeuvre et seuls les serveurs les plus solides, dont celui où bossait Mariette, avaient conservé le haut du pavé.
   Comme pour démentir les réflexions de Mariette, le téléphone sonna. Elle le décrocha et s’installa confortablement dans son fauteuil. Laissant mariner dans leur jus trois gogos qu’elle contrôlait sur le Minitel. Pour ce genre de situation, elle avait des touches pré-programmées qui lui permettaient de simuler une conversation de base (à base presque exclusivement de questions croustillantes) afin de tenir en haleine fraîche son correspondant.
Quand le téléphone sonnait dans la cabine de Mariette, le pigeon avait déjà roucoulé dans le serveur vocal. Ce dernier avait scrupuleusement enregistré le numéro de sa carte bancaire. Il se chargeait également de débiter son compte à la mesure de ses envies et du temps qui passe.
   - « Salut salope ! »
   Ça commençait bien...
   - « Bonjour mon mignon. A ton service. »
   - « Est-ce que tu es capable de me faire jouir au téléphone ? »
   - « J’aurais peut-être un tout petit peu besoin de ton aide, mon chéri. Ce sera avec le plus grand plaisir. »
   - « Vas-y ! »
   Un pressé ! Mariette savait quel genre de pincettes elle devait employer pour « pomper » le plus longtemps possible (puisque c’était bien là le véritable but de la manoeuvre) le compte en banque de son interlocuteur.
   - « J’ai d’abord besoin de te mettre en condition. Tu veux que je te raconte ce que j’ai fait hier soir ? »
   - « C’était cochon ? »
   - « Evidemment ! Je suis sûre que ça te plaira. »
   - « Je préfère que tu me racontes ce que tu me feras ce soir quand je viendrai te sauter pour de vrai ! Donne-moi d’abord ton adresse. »
   - « Désolée, ça ne marche pas comme ça. C’est toi qui va me donner ton adresse et c’est moi qui viendrai te rendre une petite visite coquine. Mais avant, il faut savoir si je te plais.    Alors, écoute bien ce que je vais faire de toi dès que je t’aurai entre mes mains. Et, crois-moi, tu es entre de bonnes mains. »
   - « Ça marche ! »
   Evidemment. Ça marche toujours...
   - « Je veux que tu m’attendes allongé sur ton lit, habillé, les yeux fermés. Tu n’auras pas fermé à clef la porte d’entrée et j’arriverai à 8 heures pile. Toutes les lumières de l’appartement seront éteintes, sauf dans ta chambre pour que je la trouve facilement. Je m’approcherai de toi mais tu garderas les yeux fermés. Je commencerai par t’enlever tes chaussures, puis tes chaussettes. Ensuite, je poserai ma main, juste à la limite entre les deux jambes de ton pantalon, pour soupeser la marchandise. J’espère que tu as ce qu’il faut, là où il faut... »
   - « No problemo. J’ai tout comme il faut. Continue ! »
   - « Tant mieux, parce que j’adore quand une grosse queue me dit bonjour en levant bien haut la tête. Ensuite, je me pencherai sur toi. J’ouvrirai le bouton de ton pantalon et je descendrai ta braguette et je ferai glisser ton pantalon par terre. Après, finies les mains. Je ne me servirai plus que de ma bouche. Avec les dents, je dégagerai tout doucement ton slip pour laisser sortir ton bel engin déjà tout excité et qui ne demandera qu’à jaillir de sa prison. Avec ma joue, je le caresserai deux ou trois fois, laissant glisser ma langue sur le côté, tout le long, pour finir de le mettre en forme. La langue bien rigide, je taquinerai ensuite chaque centimètre de ton membre avec quelques petits arrêts pour suçoter tes deux jolies couilles bien fermes. Dès que tu me diras « Viens ! », je remonterai lentement pour déposer mes lèvres sur le gland tout gonflé qui n’attend que ça. En pesant doucement dessus, je laisserai ton sexe s’introduire dans ma bouche le plus loin possible jusqu’à le faire disparaître au plus profond de ma gorge. Ensuite, très lentement, je le laisserai remonter à la surface et ne conserverai que les deux derniers centimètres dans ma bouche pour jouer dessus avec ma langue tout en gardant ton engin bien au chaud. Après, je recommencerai. Mais seulement jusqu’à la moitié de sa taille et aussitôt je le remonterai en serrant les joues pour l’aspirer tout en relevant la tête. Et je recommencerai. Et je recommencerai encore. De plus en plus vite. En aspirant de plus en plus fort. Attention ! Pas question que tu t’abandonnes. Je veux que tu te contrôles parce qu’un si gros et si joli cadeau ne doit pas se briser en si bon chemin. Je veux ensuite te sentir en moi. Après t’avoir sucé, tu pourras ouvrir les yeux. Tu resteras allongé et moi je commencerai à me déshabiller. J’aurai une robe légère qui tombera la première par terre. Tu découvriras alors mon porte-jarretelles et mes bas noirs. Tandis que tu garderas tes yeux fixés sur ma petite culotte délicatement transparente, je lèverai mon pull et resterai ainsi quelques secondes pour que tu ne voies plus que ma chatte prisonnière qui n’en peut plus de t’attendre. Après le pull, le tee-shirt. Je m’assoirai alors sur le lit pour que tu me dégrafes le soutien-gorge et je me lèverai pour le laisser tomber tout seul par terre. Mes deux seins bien fermes seront gorgés de plaisir... »
   Ça, il n’y a vraiment que les hommes pour gober ce genre de truc, mais il n’y en avait pas un qui lui avait fait la remarque pendant son numéro vocal...
   « ... Ensuite, je me pencherai pour enlever ma culotte et je m’accroupirai par terre, les jambes ouvertes, face à toi, pour que tu me regardes bien pendant que je me masturberai. Je me remettrai debout et ma bouche reviendra se coller sur ton sexe pour lui dire de très près combien il me tarde de lui rendre visite. Je prendrai ton sexe entre mes deux mains et je m’assoirai à califourchon sur toi, d’un seul coup pour te faire entrer en moi... »
Dans la réalité, Mariette n’aurait jamais permis à un homme  de lui « rendre hommage » sans avoir auparavant effectué le rituel (enfiler son petit capuchon de latex protecteur). Mais au téléphone, le risque d’attraper quoi que ce soit (à part quelques insultes dont on guérit vite) était inexistant et le genre de type à qui elle s’adressait n’aurait guère apprécié de voir son attention détournée du vif du sujet.
   « ... Après, tu commenceras à me donner de grands coups de reins pour me fouiller le ventre le plus loin que tu peux avec ta grosse queue. Tu vas me faire hurler de plaisir et crois-moi je te le rendrai bien parce que je sais comment il faut faire pour me servir de mon sexe comme d’une bouche docile qui t’aspirera jusqu’à ton dernier souffle. Quand je sentirai le moment approcher, je me relèverai pour te prendre dans ma bouche et laisser ensuite couler ton sperme sur mon visage... »
   Là, le type n’avait aucune chance pour que Mariette lui prodigue ce genre de gâterie. Elle n’avait rien contre le fait d’engloutir un homme entre ses lèvres puis de le laisser exploser dans sa bouche, mais elle préférait, et de loin, l’accueillir dans son propre sexe, au moment même où elle sentait l’orgasme se déclencher dans sa tête. En revanche, laisser le sperme dégouliner sur son visage pour le seul esthétisme (douteux) d’une scène porno, c’était trop lui demander.
   « ... Mais je n’en aurai pas pour autant fini avec toi, joli monsieur. Parce que je suis une goulue. Je remettrai aussitôt ton sexe dans ma bouche pour le conserver au chaud pour qu’il se repose un peu. Pendant ce temps, je taquinerai tes couilles en les faisant rouler l’une contre l’autre. Quand je sentirai le désir remonter en toi et reprendre la forme qui m’intéresse, je recommencerai à te sucer bien à fond jusqu’à ce que tu bandes à ton maximum. Pour qu’il n’y ait pas d’interruption, je te branlerai un peu pendant que je m’installerai à quatre pattes au-dessus de toi. Tu auras juste en face de tes yeux ma belle chatte impatiente et, tout à côté, mon petit trou secret que je réserve à des invités de marque comme toi. Là, je te laisserai le choix parce que j’aime autant être empalée d’un côté que de l’autre. Tout ce que je te demande, c’est de te relever et de me prendre vite, comme une chienne en chaleur. Brutalement, pour me faire de nouveau crier de plaisir. Pendant que tu me laboureras le cul avec ta grosse queue, tu te pencheras sur mon dos pour saisir à pleines mains mes deux seins que tu malaxeras. Je veux que tu accélères à fond, que ton piston me déchire les entrailles et... »
   - « Tuu... ut, Tuu... ut, Tu... ut... »
   Encore un évacuateur précoce. Enfin, ce n’était pas si mal. Il avait quand même bien tenu le coup.
   Ce genre de conversation à sens unique amusait beaucoup plus Mariette que cela l’excitait. C’était un peu son défouloir parce que généralement les scènes qu’elle décrivait en détail tenaient davantage du lyrisme pornographique que de ses propres fantasmes. Après tout, ce n’était pas tant pour elle que pour son interlocuteur, qu’elle devait trouver les mots qui touchent.
   Le plus gros problème pour Mariette était le vocabulaire. Elle devait à la fois faire cru et être crue. Elle avait bien conscience qu’après deux « Membres », trois « Engins », quatre « Queues » et quelques « Sexes » (bien pratique puisque le terme s’applique à la fois à celui de la femme, celui de l’homme et à la situation en général), elle était un peu à court. Mais la rhétorique du téléphone rose conduit rarement jusqu’à l’habit vert et pourvu qu’elle ajoute « Grosse » à « Queue », Mariette s’était vite rendue compte qu’elle pouvait ensuite employer le mot autant de fois qu’elle le voulait dans la conversation, sans jamais lasser son auditoire exclusivement masculin.
   Autre curiosité de ces conversations, Mariette était relativement à l’aise pour quelques virées dans le « hard crade » (il y avait pour cela bien plus de demandes qu’elle le pensait à l’origine), alors que dans la réalité, elle ne se sentait pas du tout capable, par exemple,  de « pondre un oeuf » (pour de vrai !), de se faire « défoncer le cul en s’enfilant un poing entier à l’intérieur », de « pisser dans la bouche de son amant tandis qu’il  la lapait »... Autant de situations qu’elle racontait parfois au téléphone avec les mêmes accents de vérité que si elle les avait vraiment vécues.
   En revanche, il était hors de question pour Mariette de laisser sa voix guider un tordu, même anonyme, pour qu’il se masturbe sur une scène (virtuelle) de viol, de zoophilie ou de pédophilie. A chacun ses principes. Elle estimait que le sexe possédait assez d’ouvertures (elle était bien placée pour le savoir) pour stimuler n’importe quelle imagination saine d’esprit.
Maintenant, il ne restait plus qu’à prendre ses mâles en patience jusqu’à la fin de sa journée de travail.


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Lundi 14 août 1 14 /08 /Août 00:01
- Publié dans : Roman : "La Chose" - Voir les 0 commentaires
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