Chapitre 10


   Mariette n’avait jamais de montre. Sa « Chose » était utile à plus d’un titre et tenait à la perfection le rôle « d’horloge parlante ». « 19 heures, 45 minutes et 30 secondes ». « Prétentieuse ! », lui rétorqua Mariette qui avait devant le nez une pendule publique indiquant « 19 heures, 35 minutes » et quelques poussières négligeables de secondes.
   Quoi qu’il en soit,  elle avait encore une bonne heure à faire durer et elle avait maintenant un peu faim. « Tu as encore de bonnes adresses ? », demanda Mariette à sa « Chose » à haute voix car elle était seule dans la rue. C’était plus pratique ainsi puisque désormais la « Chose » semblait avoir des dispositions pour la conversation. « Tu en doutes ? » « Propose et je verrai. Sache que c’est, jusqu’à preuve du contraire, encore moi qui dispose. Non ? » Pas de réponse.
   Mariette reprit donc sa marche au hasard. Tout en prenant soin de ne pas trop s’éloigner de son lieu de travail. Ses pas la conduisirent tout droit vers un petit bistrot à l’ambiance estudiantine où elle aimait se rendre pour se replonger dans ses années Bac. « On est arrivé ? » « On est arrivé ! » « Option sandwich ? » interrogea Mariette. « Mange, tu ne sais pas qui te mangera », répliqua la « Chose ».
   Au comptoir régnait une « mama » que « ses » petits protégés appelaient « Maman ». C’était une efficace veuve quinquagénaire, à la tenue toujours un peu trop affriolante pour son âge et au comportement sans doute légèrement « incestueux ». Certains étudiants ne se cachaient pas de suivre avec elle quelques leçons du soir un peu particulières.
   « Maman » astiquait méticuleusement les becs verseurs de sa fontaine à bière. Juste en face d’elle, un jeune potache salivait. Chacun sa pression. Il n’y avait pas d’autre client dans la salle.
   - « Bonjour Maman. Tu me sers, s’il-te-plaît, un sandwich jambon-tomates-salade-verte-mayonaise-olives-noires. J’ai une faim de louve. »
   Le post-adolescent jeta à Mariette un regard langoureux, laissant comprendre qu’il était lui aussi en appétit. Sandwich en main, Mariette alla s’installer sur une banquette de cuir rouge fané, dans le fond du bar. Elle fut bientôt rejointe par le jeune matou mateur qui, d’un pas décidé, vint s’installer juste à côté d’elle faisant fi de sa timidité.
   - « Excusez-moi de vous déranger, madame. Je m’ennuie un peu et si cela ne vous ennuie pas... »
   - « Juste cinq minutes. Je finis mon repas et je n’aime pas parler la bouche pleine... »
   Le jeune homme ne perdait pas une miette du repas de Mariette. Elle, de son côté, prenait un malin plaisir à se passer la langue sur les lèvres pour ramener pas très discrètement un petit morceau d’olive vers sa bouche ou à chasser d’un revers de main appuyé une miette de pain en équilibre sur sa poitrine.
   - « Ça y est. J’ai fini. A nous deux ! Que puis-je pour votre service ? »
   - « Juste causer un peu. »
   - « C’est que je n’ai pas trop le temps... »
   Regard désappointé du jeune homme.
   - « ... Pour les préliminaires. Mais si c’est pour ça, on peut s’y mettre tout de suite... »
   Sans prévenir, Mariette posa directement sa main gauche sur l’entrejambe de son interlocuteur et commença à masser vigoureusement le renflement.
   - « Heu... Excusez-moi mais... Heu, je n’ai pas d’argent pour ça... », bredouilla-t-il.
   - « Je me paye en nature. Laisse-toi faire. »
   Pas besoin de lui dire à deux fois. Le jeune homme bascula sa tête en arrière contre le dossier en cuir et ferma les yeux. Au comptoir, « Maman » ne semblait pas du tout gênée par la situation. Elle lança même aux deux tourtereaux :
   - « Si t’es vraiment pressée, ce n’est pas grave, je m’occuperai de le finir. Il n’y a pas trop de clients en ce moment ! »
   - « Désolée, Maman. Je crois que tu vas devoir te contenter du second service », répliqua Mariette en accélérant la cadence.
   Mariette n’avait jamais fait ce genre de chose en public. Elle se sentait étrangement à l’aise. Même plutôt excitée de savoir « Maman » en train de les observer.
   Mariette ne s’intéressa pas à la ceinture du pantalon mais ouvrit directement la braguette. Le jeune phallus n’avait peut-être pas souvent servi mais Mariette se dit que ce serait dommage de laisser dormir dans son écrin un tel bijou de famille. Elle comprenait parfaitement l’intérêt de « Maman » de pouvoir puiser directement dans son « cheptel ».
Mariette lécha copieusement l’intérieur de sa main gauche et la déposa ensuite, comme un trophée, sur le mont chauve. La paume bien à plat, elle entama un léger mouvement rotatif avant de laisser ses doigts se poser le long de la colonne de chair. Elle leva puis baissa la main, maintenant fermement sa prise du bout des doigts pour faire coulisser la fine peau. Elle marquait chaque descente par un arrêt, appuyant résolument avec la paume sur le sommet du pénis.
   Après une vingtaine de montées-descentes (pas étonnant que ce genre de tractions s’appelle des « pompes »), Mariette changea de tactique. Elle saisit le sexe du jeune homme directement à sa base, à pleine main et le serra très fort comme pour en exprimer tout le jus. Son propriétaire ouvrit la bouche et lâcha un petit cri de surprise mais certainement pas de douleur.
   D’abord tout doucement puis de plus en plus vite, elle reprit son manège vertical en se tournant un peu sur le côté pour faire entrer sa main droite dans le jeu. Celle-ci se glissa directement sous le slip et emprisonna les deux testicules qu’elle entreprit de faire rouler l’un contre l’autre tandis que le majeur (droit) de Mariette explorait le terrain plus en arrière. Le majeur prit position sur une petite boule renflée et toute dure qui témoignait que la pression était au maximum. De sa main gauche, Mariette assurait l’essentiel tandis que le majeur doit massait consciencieusement la partie qui lui était dévolue.
   Mariette avait bien envie de s’occuper aussi un peu d’elle mais elle n’osait pas appeler « Maman » à la rescousse. Elle préférait lui laisser le rôle d’espionne et d’éventuelle avertisseur sonore si un client se présentait. Comme on n’est jamais si bien servie que par soi-même, Mariette libéra sa main gauche pour la plonger dans son sac et en tirer le troisième préservatif de la journée. Pas le temps de choisir. De toutes manières, il ne lui en restait plus qu’un à la vanille et un dernier, sans parfum.
   Elle hésitait encore sur la marche à suivre. Laquelle des deux bouches (elle n’envisagea même pas la troisième solution, l’excitation du jeune homme n’aurait pas résisté à une pénétration trop étroite) allait la première croquer ce fruit juteux ? Elle se dit que, finalement, si son partenaire arrivait à tenir le choc, elle pourrait bien faire d’une bitte deux bouches.
Mariette déposa le rond de latex sur le gland, déroula deux petits centimètres d’amorce et posa sa bouche dessus pour finir de l’enfiler entièrement avec ses lèvres. C’était un exercice périlleux (classé « trois phallus » dans certaines revues spécialisées). Elle possédait toutefois assez de pratique afin de ne pas rater son coup. C’était d’autant plus facile que le sexe en question était raide comme une trique (d’où l’expression) permettant d’assurer le bon déroulement de l’opération.
   Dommage, c’était celui sans parfum. Donc, autant ne pas s’attarder et passer directement à la suite des événements.
   Remplaçant sa bouche par sa main gauche, Mariette maintint l’objet de ses désirs bien à la verticale. D’une seule enjambée, elle fit demi-tour pour se retrouver à chevaucher sa monture face à face. Mariette avait toujours sa main droite coincée sous la selle et le majeur lançait de grands coups d’éperon, glissant parfois un peu jusqu’à s’enfoncer d’une bonne phalange dans l’anus. Toutefois, si ce dérapage non contrôlé ne provoquait pas de réprobation de la part de l’intéressé, cela obligeait Mariette à se tordre le poignet. Le majeur retourna donc dans sa position plus confortable et reprit le massage sur ce renflement d’où Mariette savait que la conclusion ne tarderait plus à partir.
   Mariette se doutait qu’elle n’aurait pas le temps de profiter pleinement de sa randonnée équestre. « Qui veut baiser longtemps ménage sa monture » préconise le dicton. Dans le cas présent, cela tenait davantage du débourrage que du numéro de dressage. Alors, autant bourrer ! A peine trente secondes après avoir atteint la vitesse de croisière, Mariette vit la face de son étalon se métamorphoser.
   Quand Mariette n’avait pas les yeux fermés, concentrée sur son propre plaisir, elle aimait bien observer la tête de son partenaire et lire l’orgasme se dessiner sur son visage. Elle vit les yeux se plisser, les lèvres s’ouvrir, les pommettes se colorer d’un seul coup et même les oreilles se tirer légèrement vers l’arrière. Au même instant son majeur droit lui indiqua que le temps de la libération était venu. Le petit renflement se durcit encore un peu plus pour se préparer à expulser son contenu.
   Mariette réservait au jeune homme une surprise de son cru. Ou plutôt, c’était un de ses amants, grand spécialiste de l’onanisme (un self made man comme on n’en fait plus) qui lui avait fait découvrir cette pratique qui consiste à presser fortement, juste entre ce petit renflement (présent uniquement pendant l’érection) et les testicules. Ceci afin de bloquer le passage du sperme au moment décisif. Le résultat est carrément une absence d’éjaculation si on maintient la pression assez longtemps ou une explosion digne des plus grandes éruptions volcaniques si on finit par rouvrir le canal sans trop tarder. Son amant lui avait organisé quelques séances de travaux pratiques afin de découvrir le moment précis et le temps exact nécessaire pour arriver à ses fins. L’idéal était de bien connaître son partenaire. Dans le cas présent,  Mariette travaillait sans filet. Le majeur sentit la boule se contracter et se relâcher convulsivement, provoquant la montée simultanée de l’orgasme. Mais celui-ci n’aboutit que quatre secondes plus tard (et dans ces moments là les secondes sont éternelles), quand Mariette le décida. Elle regretta d’avoir posé au dernier moment son visage contre celui du jeune homme car il lui déchira pratiquement les tympans quand Mariette le libéra de son plaisir.
   - « Eh bien, ma petite, il faudra que tu me donnes la recette ! » s’exclama « Maman », admirative.
   - « La prochaine fois. Là, j’ai encore du travail qui m’attend », répondit Mariette en décalant sa main droite pour maintenir en place le préservatif tandis qu’elle se désolidarisait de sa situation épique.
   Rajustant sa jupe, Mariette se leva et s’éloigna vers les toilettes. Elle se lava soigneusement les mains. Elle aurait bien voulu également vider sa vessie mais son excitation était encore trop forte et elle n’insista pas face à cette miction impossible.
En retournant dans la salle du bar, elle remarqua que le jeune homme avait disparu. « Maman », penchée en avant sur la tablette en cuivre, avait les yeux fermés et quelques bruits de succion suspects provenaient de derrière le comptoir.
   Mariette paierait son sandwich la prochaine fois. Le petit poulain de « Maman » avait retrouvé tout seul le chemin de son box.








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Mercredi 16 août 3 16 /08 /Août 00:11
- Publié dans : Roman : "La Chose" - Voir les 0 commentaires
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